Où il est question d’armées inquiétantes, de danse macabre, de paradis du surfeur et de l’espace tant qu’il est encore temps…
L’ombre gagne du terrain. Seul le halo des éclairages publics fait de la résistance. Combien de temps encore avant que la flamme vacille ? Bientôt, la nuit aura tout emporté. La bourse, la vie, ne tiennent plus qu’à un fil. A l’orée de la ville assoupie, des armées inquiétantes s’apprêtent à répandre la terreur.
Derrière leurs volets, les braves gens se barricadent à double tour. Le chef de famille a donné ses ultimes consignes : “Surtout, n’ouvrez à personne, sous aucun prétexte”. Mais la tentation est trop forte pour le bon petit diable. D’une oreille distraite, il écoute le discours paternel mais, au premier coup de sonnette, la curiosité l’emporte.
Dans l’encadrure de la porte se dessine une forme incertaine, maquillée d’obscurité. Zombie, mort-vivant, squelette, momie, vampire assoiffé de sang, venu prélever son tribut dans la paisible demeure familiale. La vie est courte et la mort dure longtemps. Alors danse, petit, la danse macabre. Nous sommes tous des fantômes, nous sommes tous des sorcières.
A l’heure où la faucheuse rôde en habit d’apparat, les Américains de All Them Witches dégainent leur nouvel album, Dying Surfer Meets His Maker. La ville n’est plus qu’un lointain souvenir. A la première occasion, on profite pour prendre l’espace, tant qu’il est encore temps. Quelques heures de bitume, et puis l’océan, immense et menaçant. Le paradis du surfeur.
De prime abord, la mer est assez calme. On s’y engouffre sans perte et sans fracas, comme pour faire connaissance. On se préparait à tordre son corps en réponse aux éléments et, à notre plus grand étonnement, c’est l’esprit qui lave son linge sale dans les eaux salées. Esprit, es-tu là ? Mais, à peine s’est-on habitué au doux roulis des vagues psychédéliques, à l’apparente planitude du paysage que, soudain, les guitares sortent les riffs et les eaux se soulèvent.
Sorcellerie ? Possible tant la magie de All Them Witches sait se montrer puissante. Dans la marmite, un savant dosage de folk conquérant, de psychédélisme envoûtant et de hard rock énergisant, des références clairement assumées mais jamais écrasantes, des caresses quand on ne s’y attend pas, des pains dans la gueule quand on ne s’y attend plus. Bref, du vrai bon rock…
