En français dans le texte : Maissiat

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Qu’est-ce qu’on cherche dans la musique, et dans l’Art en général, si ce n’est ce truc magique et inexplicable qui fait s’arrêter le temps autour de nous et nous inspire des paroles profondes et un peu rêveuses du genre : “Putain, qu’est-ce que c’est beau !”? La plupart du temps, ça n’arrive pas. On écoute, plein de bonne volonté et, parfois même, avec un a priori favorable, mais, rien à faire : pas de frissons dans la colonne vertébrale, pas de poils qui se hérissent. C’est bien ou juste pas mal, mais, en tout cas, la magie n’y est pas. On écoute d’une oreille attentive d’abord, puis distraite et ça ressort comme c’était entré. En catimini, sans faire de bruit, sans laisser de trace dans les oreilles de la mémoire. Et puis, parfois, alors qu’on avait presque cessé d’y croire, le miracle survient. Une mélodie, une voix, nous emportent au-delà de nos certitudes et de nos espérances. C’est comme un trésor que vous auriez cherché sans succès pendant des décennies et qui, alors que vous y aviez presque renoncé, vous tombe entre les mains. J’éprouve souvent un sentiment de frustration envers la production musicale française. Je la trouve, à de rares exceptions près, trop stéréotypée et peu originale. Je trouve que les prises de risques y sont trop rares et trop peu valorisées. Ce n’est pas que les talents n’existent pas, c’est surtout que les voies de repérage musical gagneraient à être repensées. Le débat mériterait d’être soulevé. Mais, ce qui m’incite à l’optimisme, c’est que, il y a quelques jours, j’ai découvert un bout de ciel bleu, une oasis de beauté, un petit coin de paradis. Elle s’appelle Maissiat et a sorti son premier EP en janvier 2012. Il m’en aura fallu du temps pour la trouver. Mais putain, qu’est-ce que c’est beau ! L’album arrive dans une dizaine de jours. Tenez-vous prêts. Ça risque juste d’être magnifique.

C’est maintenant que les choses sérieuses commencent pour moi. Je sais bien, ami lecteur, que tu ne te contenteras pas d’un “putain, qu’est-ce que c’est beau !”. Ta curiosité désormais aiguisée, tu attends que je développe, que je décrive et que je t’invite, à ton tour, à entrer dans cet univers merveilleux, dans cette dimension parallèle où le monde est sensiblement meilleur. Comme s’il était facile de mettre des mots sur un ravissement, sur une extase. L’univers de Maissiat est quelque chose d’unique et d’inattendu. Après avoir fait ses armes au sein du groupe Subway, la chanteuse éprouve le besoin de s’exprimer sous des formes nouvelles, de faire exploser les carcans et de goûter en solitaire à une liberté réaffirmée. Ballotté entre le tumulte et la quiétude, le chaud et le froid, la clarté et la noirceur, on est pris dans le tourbillon des sentiments, dans le manège de la vie. Pas de tricherie ici, pas de fausse pudeur. Les mots sont des secrets murmurés à l’oreille ou des élans de poésie semés aux quatre vents. Ils suivent leur propre chemin, musardent parfois, s’échappent avec fougue quelques instants plus tard, viennent s’enrouler sur les mélodies radieuses et épurées. Pas de guitare, pas de basse. Des claviers, des percussions, des boites à rythme qui s’entremêlent et confèrent aux compositions une froideur métallique qui contraste merveilleusement avec la chaleur sensuelle des voix. C’est cette audace formelle poussée à son paroxysme par la réalisation de Katel qui donne à l’univers de Maissiat une couleur si particulière. Il y a bien longtemps que la scène française ne nous avait offert un univers aussi riche et enthousiasmant. L’album Tropiques, qui sortira le 18 février prochain, devrait en toute logique marquer l’éclosion d’un talent remarquable. Et, ce jour-là, nous serons quelques-uns à nous exclamer : “Putain, qu’est-ce que c’est beau !”.

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