En français dans le texte – Marnie Morreale

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Des lycéens, dans mon métier, j’en rencontre un paquet chaque année. Des beaux gosses et des midinettes, des culs de bouteille et des lentilles colorées, des bronzées et des pâlichonnes. Des grands et des petits, des maigres et des gros, des verts et des pas mûrs, des aigris et des sympas, des branleurs et des stressés de la vie. Des qui se la pètent et des taiseux, des à poil long et des à poil court, des premiers de la classe et des cancres, des près de la fenêtre et des près du radiateur. Des sarkozystes et des altermondialistes, des fils de banquiers et des filles de caissière, des petits chouchous à maman et des filles à papa, des sans-avenir et des qui ont toujours rêvé d’être trader. Des ah-oui-vraiment-tout-à-fait et des cause-toujours-tu-m’intéresses, des têtes de noeuds et des visages d’ange, des terre-à-terre et des perchés du cocotier, des chagrinés de l’amour et des qui sautent sur tout ce qui bouge, des effarouchées et des pas farouches, des jupettes virevoltantes et des baggys qui se cassent la gueule. Et, pourtant, bien qu’elle étudie à deux pas de mon lieu de travail, je n’ai jamais croisé Marnie Morreale, qui chante avec tellement de justesse et d’ingénuité les émois de l’adolescence.

La marmite musicale, Marnie est tombée dedans dès son plus jeune âge. Issue d’une grande famille de musiciens, elle tanne longtemps ses parents pour pouvoir enregistrer une chanson. C’est désormais chose faite sous l’oeil bienveillant de papa qui l’accompagne et lui écrit des textes sur-mesure  Pour la musique, la demoiselle a su s’entourer d’une valeur sûre de la scène alsacienne en la personne du multi-instrumentiste Marco De Oliveira, sideman de Rodolphe Burger, qui a aussi collaboré avec Alain Bashung, François Hardy ou Jacques Higelin. Le résultat, bien qu’assez hétéroclite, réserve de bien belles surprises et dresse en filigrane le portrait tourmenté d’une adolescente d’aujourd’hui, entre énergie brute et crainte de l’avenir. Je passerais rapidement sur un ou deux titres, à la limite de l’indigeste, qui m’évoquent une réunion de Kyo et de Superbus. De même, quand Marnie se pose en Avril Lavigne made in France, je reste de marbre. L’enthousiasme de la jeunesse sans doute. Mais, en revanche, dès lors que les mélodies se font plus sombres, plus intimistes et que Marnie laisse apparaître toute sa fragilité de jeune femme flottant entre l’enfance et l’âge adulte, ça confine au sublime. Plus de jeu, plus d’artifices. En laissant la place aux doutes qui l’habitent, la chanteuse atteint un tout autre niveau. A l’écoute de Les Avalanches ou de Faraway Songs, on ne peut qu’être séduit par cette sincérité qui dévoile toute l’étendue de son talent. C’est tout simplement magnifique et porteur de très belles promesses…

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