En français dans le texte : Paul Merci

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J’ai eu, il y a quelques jours, une conversation fort intéressante avec le chanteur Jean-Louis Bergère. On a parlé de tout et de rien et, surtout, de musique. A un moment, il m’a demandé ce que j’avais apprécié récemment en chanson française. Et je me suis trouvé tout con, à ne rien savoir lui répondre. Pas grand-chose, à vrai dire. J’aimerais bien pouvoir affirmer que notre pays regorge de grands talents capables d’écrire des textes sublimes, poétiques et inspirés dans leur langue natale. Mais, sauf à mentir de manière éhontée, ce n’est pas le cas. La chanson française est un fourre-tout où s’entassent pêle-mêle des altermondialistes festifs scotchés à leur accordéon (ils se ressemblent tous), des baudruches sur-gonflées qui peinent à maquiller le vide qui passe entre leurs oreilles (Bénabar et consorts), des bobos parisiens branchouilles qui posent, sur leur pochette, avec une femme nue qu’ils feignent d’ignorer et des nombrilistes qui prennent leur première personne pour un être d’exception. Voilà qui laisse peu de place à la qualité. Une façon honnête, bien qu’un peu amère, de répondre à la question serait d’affirmer que l’eldorado de la chanson française aujourd’hui, c’est le Québec. Je ne parle évidemment pas des brailleurs professionnels qui traversent l’Atlantique pour nous casser les oreilles mais de gens comme Pierre Lapointe, Philippe B ou encore Avec pas d’casque. Des artistes qui écrivent en pleine sensibilité et surtout sans ce souci franco-français de déborder des cases imposées. Si c’est de la pop, qu’il en soit ainsi. De la chanson française, itou. Si c’est de la variète, allons-y pour la variète. Et si c’est un mélange des trois, alors c’est encore mieux. Chez nous, il faut être ci ou il faut être ça mais surtout pas les deux en même temps. Et c’est bien triste car les seuls artistes intéressants sont ceux qui transgressent ces catégories artificielles. Paul Merci, à sa façon, en fait partie.

Bien sûr, Paul Merci vous dira qu’il fait de la chanson française. D’ailleurs, ne prépare-t-il pas un album qui s’intitulera… Chansons françaises ? Il vous racontera peut-être son cheminement. Son admiration pour la chanteuse Dani, explicitement déclarée sur le morceau Rose For Dani et, de fil en aiguille, vous remonterez avec lui jusqu’à Gainsbourg et ses volutes de fumée. Gainsbourg justement, qui considérait la chanson comme un art mineur. Qui, comme nul autre, adoptait tous les styles à son génie musical. Alors, bien sûr, en écoutant les premières compositions de Paul Merci, on lira à livre ouvert dans ses influences. Mais, avec des influences pareilles, on peut difficilement se tromper. D’ailleurs, le garçon est habile, ses textes sont bien écrits et ses chansons françaises lorgnent aussi souvent, volontairement?, vers la pop music anglaise. Sur le très astucieux Chanson française, il avoue même préférer les chalalala aux chansons à textes gonflantes des Bénabar et consorts qui, décidément, en prennent pour leur grade dans cette chronique. Chez Paul Merci, les textes ne sont pas omniprésents mais laissent leur place à des compositions de belle tenue et à des arrangements raffinés et délicieusement actuels, qui font mouche à tous les coups. Au premier passage, j’avais un peu sous-estimé la qualité de son travail. Mais, quelques semaines de recul et une dizaine d’écoutes plus tard, me voilà sous le charme. Si j’avais encore quelques doutes, le duo avec Jessica Maurin, chanteuse du groupe Magnolia, sur le titre On se croise, aurait sans doute suffi à les estomper. C’est tout simplement superbe. Merci Paul…

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