Hopla Geiss – Ep.18 : Dirty Deep

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“L’Amérique, l’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai”, disait Joe Dassin, qui a fini par bouffer des pissenlits par la racine au Hollywood Forever Cemetery. Son Amérique à Joe, c’était du fantasme, un endroit où tout est possible et où les gentils gagnent toujours à la fin. Une nouvelle chance, un nouveau départ, de grasses prairies où l’herbe est plus verte, les vaches moins maigres et plus belle la vie. Un pays où on arrive les poches trouées et dont on revient replet, la bourse pleine et le moral au beau fixe. C’est beau, c’est propre, c’est lisse, ça brille comme une paire de godasses neuves, comme un chiotte qui n’a jamais servi. Ça ne rebute personne, ça n’agresse pas les passants, c’est mollement consensuel. Et surtout, ce n’est qu’une Amérique parmi tant d’autres. C’est l’Amérique que tout le monde aime.

Avec Dirty Deep, on explore une autre facette du pays à la bannière étoilée. L’envers du décor. Oubliée la vision idyllique de l’eldorado où tous les espoirs sont permis, l’Amérique de Dirty Deep s’écrit dans la crasse et dans la sueur. On la traverse de long en large à bord d’un vieux van pourri. On y croise aussi bien des péquenauds locaux que des poètes vagabonds buveurs de whisky. C’est l’Amérique des losers magnifiques, des Bukowski et des Selby Jr, celle des hard workers et des laissés-pour-compte, celle de ceux qui n’ont presque rien et qui partagent tout, celle des jobless. Dirty Deep est tout jeune et originaire du Sundgau mais, pour ce que j’en sais, il pourrait tout aussi bien avoir bourlingué pendant vingt ans dans le sud des Etats-Unis. Peut-être avez-vous déjà croisé, au hasard d’un concert cet énergumène chevelu et barbu, emportant avec lui tout son attirail. Homme-orchestre jouant seul guitare, harmonica et percussions, il pratique un blues-rock poisseux, ancré dans les racines de ses idoles Scott H. Biram ou encore Left-Lane Cruiser. Ça envoie du lourd, c’est très bien exécuté et ça montre, s’il en était besoin, que le blues a encore de belles heures devant lui. A découvrir d’urgence…

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