J’ai écouté, j’ai pas aimé : Breton – Blanket Rule EP

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Ami lecteur, toi qui as plus que moi le loisir de glander sur ton canapé à regarder la télévision, tu connais certainement Bref, la série shortcom qui suit les péripéties ordinaires d’un trentenaire d’aujourd’hui. Eh bien figure toi que la semaine dernière, ma collègue débarque dans mon bureau. Elle dit: “on fait un remake de Bref, j’ai passé un entretien d’embauche pour le diaporama du gala de fin d’année et l’étudiant qui devait jouer le rôle principal s’est décommandé. Est-ce l’un de vous peut le remplacer?”. Je regarde mes collègues. Ils me regardent. Je regarde mes collègues. Ils regardent leurs souliers. Je regarde ma collègue. Elle me dit: “Cédric, je te vois bien faire ça”. Mes collègues disent: “Ah ouais, ouais, ouais, tu serais parfait”. J’ai regardé mes souliers, mes collègues, ma collègue. J’ai dit OK. Bref, j’ai joué dans un remake de Bref. L’avantage de ce gimmick de Bref, c’est qu’on peut varier à l’infini sur le même thème. Exemple. Au lycée, je savais pas quoi faire. J’étais bon en dessin, alors j’ai fait une école d’art. J’étais paumé, j’ai rencontré d’autres mecs paumés, on est devenus amis. On a dessiné, on a peint, on a sculpté, on a fait des vidéos, on a fini l’école d’art. On a pas trouvé de boulot, on s’est installé ensemble dans un squat. On a eu une super idée, on a fait des vidéos. Comme personne n’en voulait, on s’est dit qu’on allait faire de la musique. Comme notre musique était pourrie, on s’est dit qu’il fallait trouver un nom intelligent. On a choisi Breton parce que le surréalisme se situe en dehors de toute préoccupation esthétique. Comme ça, si on nous dit qu’on est nuls, on dira que c’était fait exprès. Bref, on a créé Breton.
Breton, c’est le groupe sur lequel toute la presse musicale se caresse le biniou depuis quelques mois. Des colonnes entières pour nous dire que ces quatre anciens étudiants en art vont bientôt révolutionner la musique. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont meilleurs pour manipuler les critiques crédules que pour produire du son de qualité. La hype phénoménale qui les accompagne ne doit sa raison d’être qu’à l’attitude moutonnière des médias musicaux. Dès qu’il voit débarquer un truc un peu extraordinaire, le critique musical flippe. Imaginez qu’il ait dans les oreilles la grosse sensation de demain et que, manque de pot, il en dise tout le mal qu’il en pense. Il y a fort à parier que son supérieur lui tombera dessus à bras raccourcis à la prochaine pause café. Le journaliste, incrédule devant une musique si bizarroïde, préférera donc en dire du bien pour ne pas passer pour un con devant son patron et ses collègues, et ce d’autant plus que son confrère du journal d’en face, mu par des émotions similaires, aura lui aussi encensé la chose. Ainsi va le buzz qui fait d’un groupe en carton des révolutionnaires de la pop. 
Franchement, j’ai écouté le Blanket Rule EP. Ça oscille entre entre du sous-Foals électroïde, de la musique d’ascenseur totalement dénuée d’intérêt et du collage aléatoire d’influences mal digérées. Imaginez que, au cours d’une soirée arrosée, vous décidiez de vous faire un cocktail de tous les alcools disponibles dans votre bar, vous mettez le tout dans un shaker, vous agitez, vous avalez cul sec la mixture. Transposez ça à la musique et vous aurez une vague idée de ce à quoi ressemblent les morceaux de Breton. Dans les deux cas, le mal de tête, l’envie de vomir et la gueule de bois sont de la partie. Il faut une sacrée dose de storytelling ou de mauvaise foi pour faire passer la pilule. Quand je pense que l’hebdo rock de référence a osé mettre Breton dans le même sac que Django Django, je me dis qu’il y a des coups de pied dans les roubignolles qui se perdent. Il paraît que Breton va sortir un album courant mars. On s’en passerait aisément. Bref, j’ai pas aimé Breton.

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