J’ai écouté, j’ai pas aimé : Fleet Foxes – Helplessness Blues

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Les Fleet Foxes, donc. Ceux qui me suivent depuis un petit moment ont déjà eu l’occasion de se rendre compte de tout le bien que je pense de ce groupe. Soyons clair, c’est sans aucun doute le groupe le plus régulièrement cité dans mes chroniques et assurément aussi le plus surcoté de l’histoire de la musique. Leur succès et les critiques dithyrambiques qui les accompagnent dès qu’ils pointent le bout de leur barbe me hérissent viscéralement le poil que, contrairement à eux, j’ai ras et discret. 
Comment peut-on s’y laisser prendre? D’emblée, avec ces ploucs barbus, on comprend qu’on se situe dans la caricature. Le manque d’inspiration de leur leader Robin Pecknold crève les yeux et les tympans. Pour faire du folk aujourd’hui, doit-on nécessairement arborer un visage d’homme des cavernes et porter des chemises à carreaux crasseuses? A la sortie du premier album, j’aurais encore pu faire preuve d’indulgence. Mais, après un tel succès, ils auraient tout de même pu s’acheter des rasoirs et des vêtements décents. Enfin, soyons sérieux, ces mecs-là viennent de Seattle, pas de la petite maison dans la prairie. Regardez les arriver, ces grands gaillards dépenaillés et, comme Cartman, dans un épisode légendaire de South Park, vous aurez aussitôt envie de virer cette bande d’enfoirés de hippies. 
Faire de la musique folk comme on en faisait dans les années 60, c’est s’exposer à la comparaison avec les maîtres du genre. Et si nos chers critiques, même ceux qui y sont le moins enclins, se sont laissés corrompre par Fleet Foxes, c’est certainement qu’ils méconnaissent les pionniers du folk. Musicalement, les Fleet Foxes apparaissent, convenons-en comme les héritiers légitimes de Crosby, Stills, Nash & Young, de Simon & Garfunkel, voire des Beach Boys pour ce qui est des harmonies vocales. Bref, ils n’ont pas inventé la poudre mais je serais de mauvaise foi si j’affirmais que ce ne sont pas de bons musiciens.  Là où le bât blesse, c’est surtout au niveau des paroles. Alors que le folk des années 60 était un vecteur de contestation politique, les Fleet Foxes baignent dans un mysticisme de mauvais goût, une sorte de soupe new-age imbuvable. L’un de leurs morceaux a d’ailleurs été repris par le Vatican pour faire partie d’une playlist destinée à rendre les gens bons. Je peux déjà assurer les initiateurs de ce projet de la vanité de cette tentative d’évangélisation sur ma personne.
C’est bien tout le problème des Fleet Foxes. Leur musique est loin d’être désagréable mais on a l’impression d’entendre une chorale de scouts qui répètent des cantiques. C’est très exaspérant pour ceux qui ne souhaitent pas se joindre à leur secte, d’autant que nos rustauds semblent aussi peu enclins à explorer d’autres pistes musicales que le Vatican à moderniser son discours. Pourtant, sur certaines pistes, trop rares, de Helplessness Blues, Pecknold a réussi à s’extirper de ce schéma stéréotypé de la chanson folk évangélique pour donner une coloration un peu plus pop à ses compositions. C’est sur ce terrain que se jouera la survie de Fleet Foxes, dans leur capacité à réitérer des moments de grâce comme The Shrine/An Argument, sorte de mini-symphonie lumineuse. Mais, malheureusement, avec ce deuxième album, le groupe s’est trop fait coincer par les attentes qu’il suscitait pour exploiter pleinement son potentiel.
Donc, en définitive, Helplessness Blues s’avère beau mais chiant. Messieurs les Fleet Foxes, prenez votre courage à deux mains. Rasez vos barbes, changez de chemise, cessez d’être des ravis de la crèche, laissez vous envahir par d’autres influences et vous finirez peut-être, un jour, par mériter le crédit qu’on vous accorde, jusqu’ici, trop généreusement.

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