J’ai entendu : 3 minutes sur mer – Des espoirs de Singes

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Un lundi matin à Strasbourg. Un lundi matin à la con, comme tous les autres. Le ciel est gris. Les gens aussi. Même les sourires font la gueule. J’aimerais tant être ailleurs. N’importe où. A la mer, par exemple.

Le tramway m’absorbe et me recrache quelques stations plus tard. Les gens se regardent du bout des yeux, déversent leur solitude sur leur écran de smartphone. On n’est jamais aussi seul que dans un tram bondé. Je voudrais prendre la route, chanter à tue-tête sur les départementales, rouler jusqu’au soir et, ivre de fatigue, contempler la mer du haut d’une falaise. Je donnerais n’importe quoi pour une émotion vraie, pour un peu d’eau salée.
Comme tous les cons qui vivent loin des côtes, la mer me fascine. Elle m’attire autant que je la crains. Moi qui nage comme un cabot en détresse, elle pourrait m’absorber en moins de trois minutes. Alors, ami lecteur, 3 minutes sur mer, quand j’y pense, c’est le bout du monde. Le temps d’une émotion forte. La mer, ce n’est pas comme la ville. Impossible de tricher.
3 Minutes sur Mer ne triche pas. La voix de Guilhem Valayé a la mélancolie de ceux qui ont mille fois manqué de se noyer et la puissance de ceux qui, mille fois, ont survécu. Elle porte en elle le chagrin des départs et des amours perdues, la colère et les espoirs de ceux qui vivent sans retenue. L’interprétation est intense. Comme si chaque chanson était la dernière.
3 Minutes sur Mer n’est pas le dernier groupe à la mode, ne le sera peut-être jamais. Mais, au fond, je m’en fous. Parce que leur musique me remue les entrailles et c’est la seule chose qui compte. Guilhem s’use les cordes vocales pour étirer mes cordes sensibles. A fleur de peau, il égrène sa poésie déchirante tandis que son compère dessine de vastes océans pour mieux noyer mes peines.
Si je m’écoutais, je prendrais la route, j’irais boire un verre avec eux, on se raconterait nos vies, on finirait saouls et on chanterait jusqu’à l’aube. Allez, c’est décidé, ce soir, je me casse.
Un lundi soir, à Strasbourg, je ne suis pas parti. C’est toujours plus facile, plus lâche de rester. Je me sens fatigué. J’écoute 3 Minutes sur Mer et, dans leur musique, je me regarde comme dans un miroir. Le ciel est toujours gris mais, putain, la mer, même pour 3 minutes, qu’est-ce que c’est beau.

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