J’ai entendu : Alice Lewis – Your Dreams are Mine

Browse By

Où il est question d’un labyrinthe urbain, d’une main qui se tend, d’un hiver de science-fiction et de danseuses au corps de glace…

Je dors le jour. Je vis la nuit. Ou l’inverse. Je ne sais plus où ni qui je suis. Les heures succèdent aux heures, le temps s’étire ou se rétracte comme un élastique. Un véhicule, aux formes serpentines, m’avale et me recrache un peu plus loin. Dans la lueur toxique des lampes artificielles, je cherche mon chemin jusqu’à un bâtiment qui semble se liquéfier. Au cœur de ce labyrinthe urbain, toutes les formes deviennent floues.

J’avance à reculons, sans savoir précisément ce que je fuis. Une ombre passe et, soudain, mes jambes se dérobent. Mes pieds s’enfoncent dans l’asphalte mouvant. Je pousse un cri muet mais il est déjà trop tard. Plus je m’agite et plus je me noie. A l’heure de la dernière cigarette, une main se tend. Un visage se dessine dans les interstices. Celui d’une femme que je ne connais pas, que je n’ai jamais vue. Elle se penche vers moi et, d’une voix magnétique, prononce, in English, ces quelques mots : “Your Dreams are Mine”.

D’habitude, mes rêves ne regardent que moi mais, alors que mon petit monde s’écroule comme un château de cartes, comment ne pas lui faire confiance ?  Du Pays des Merveilles aux méandres lynchiens, je me laisse guider par la voix d’Alice Lewis, je la laisse m’aventurer en ces lieux inédits, où songe et réalité se confondent. Ces danseuses au corps de glace, n’existent-elles que dans un coin de ma tête ?

Alice ne fait pas que parcourir le monde, elle en invente de nouveaux. Your Dreams are Mine dessine des paysages volontiers étranges, étrangers, futuristes. Ici aussi, Winter is coming, un hiver de science-fiction, peuplé de robots dansants. Mais la froideur savamment dosée des instrumentations est contrebalancée par le souffle chaud d’une voix enveloppeuse et rassurante. De dancefloors cryogénisés en rêveries habitées, Alice fait fondre la glace et nous entraîne dans son sillage.

A ses côtés, les territoires explorés deviennent plus hospitaliers, l’air plus respirable. Pour un peu, même la fin du monde semblerait supportable.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons