Où il est question d’une lueur de défi, d’un boxeur sur le retour, d’un dandy-bandit et d’un collectif à l’air libre…
Il était là, il était beau, accoudé au Chesterfield. Une lueur de défi dans son regard, comme l’envie d’en découdre doublée de la certitude d’en sortir vainqueur. Il était là, il était fier, il portait sa jeunesse en étendard – l’insolent ! J’aurais voulu le cogner au visage, juste pour casser quelque chose de beau.
Au commencement, il y avait le verbe. Celui de Pierre Dungen. Je ne le connais pas mais je l’imagine à sa table de travail, griffonner, raturer, remplir sa corbeille de boulettes de papier, s’agacer, puis retrouver le fil jusqu’à ce qu’enfin chaque mot ait trouvé sa place. Je l’imagine encore le lendemain ou les jours d’après, reprendre le même texte, méticuleusement, et procéder aux ultimes retouches : rayer un adjectif inutile, alléger une tournure de phrase, jusqu’à ce que plus rien ne puisse être ôté ni ajouté.
Mais, pour que Bertier en vienne à se dandyner à mes oreilles, il fallait encore que ces mots finement ciselés prennent vie. Pour que le cœur du dandy se mette à battre, pour que sa bouche se mette à parler, il lui fallait des musiciens. Ils affluèrent de partout, du rock, du classique, pour former le collectif à l’air libre et à l’imagination vagabonde qui raconterait l’histoire de ce dandy-bandit et de sa sirène.
Dandy – dans dix ans, n’aura pas pris une ride. Les albums de cette trempe ne se démodent pas. Ils vieillissent comme les grands vins et délivrent des arômes inédits à chaque nouvelle écoute. On y entend du Gainsbourg, période Melody Nelson, du Bashung parfois, mais toujours du Bertier – libre, insoumis, esthète de l’imaginaire. A se laisser porter par les mots qui s’écoulent, purs et limpides, nous voilà plus jeunes, plus beaux, dans les pas de ce dandy de grand chemin.