J’ai entendu : Dead Ghosts

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La vie est un putain de concours de beauté. Dès leur plus jeune âge, on demande aux enfants, d’être beaux, polis, bien habillés, de sentir bon, d’être sages, de dire bonjour à la dame, de ne pas mettre les mains dans leur assiette, nom de Dieu, je t’avais pourtant prévenu. En grandissant, ça ne s’arrange pas. A l’école, au travail, en famille, vous êtes scruté, jaugé, évalué. Ne vous y trompez pas : en paroles, on vous dira qu’il faut que vous soyez différent, original, capable de prendre des initiatives mais essayez un seul instant de changer, ne serait-ce qu’un peu, la règle tacite de ce petit jeu social et on vous collera aussitôt une pancarte sur le dos : vous deviendrez l’inadapté, l’original, le barjot. La vie est un putain de concours de beauté. Mais une miss, ça ne parle pas, ou alors pour ne rien dire; ça ne bouge pas, ça pose pour les photos avec un sourire  dentifrice. C’est beau mais ça ne risque pas de perturber l’ordre établi, une miss. C’est en gros, ce qu’on attend de vous aussi. Même les rock-stars sont élevées en couveuse aujourd’hui. Papa, patron d’une agence de mannequins, maman miss locale, tiens tiens. Attitude singée. Une mèche rebelle pour faire comme si. Avant, les rockeurs naissaient les mains dans le cambouis, ils en chiaient dans des bars miteux où des prolos alcoolos leur crachaient leur bière au visage, des rades pourris qui sentaient la gnôle et la sueur. Aujourd’hui, ils font des pubs pour des parfums ou des marques de fringues. Et toi, le gogo de service, tu gobes tout. Tu achètes les disques de ces rock stars Canada Dry. La vie est un putain de concours de beauté. Il y a ceux qui suivent les règles et ceux qui s’en foutent royalement. Le plus grand groupe de rock des années 2000 ? Vous devez être quelques millions à avoir répondu The Strokes. Avez-vous déjà au moins entendu The Growlers ou les Dead Ghosts ?
Parlons des seconds puisque les premiers, c’est déjà fait. Les Dead Ghosts. Ce qui est sûr avec ces quatre garçons originaires de Vancouver, c’est qu’ils connaissent leur histoire du rock’n’roll sur le bout des doigts et sont capables de faire renaître les fantômes du passé avec une sincérité non feinte. Pas de posture ici mais du rock, du vrai, celui qui, à moins que votre cerveau ne réponde plus ou que vous deux jambes soient coupées, vous donnera l’envie de remuer les fesses et de vous faire suer le burnous. Sur ce premier album éponyme, Dead Ghosts enchaîne à vive allure 13 titres qui durent rarement plus de 150 secondes. Pas de temps mort, ça va danser dans les chaumières. C’est juste crade comme il faut. Ni trop, ni trop peu. Sans doute pas révolutionnaire, mais diablement efficace. Et puis, cette fois, c’est du pur jus. Alors ne boudons pas notre plaisir. Mêlant énergie rock, mélodies lumineuses, doo-wap et inspirations country, Dead Ghosts livre un disque explosif et plein de belles promesses auquel on attend, depuis 2010, un successeur. Et si c’était pour cette année…

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