J’ai entendu : Jagwar Ma – Howlin

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Il paraît que c’est l’hiver en Australie. Je n’en sais rien, je n’y suis jamais allé, moi, en Australie. On est toujours l’antipode de quelqu’un d’autre. Nous, c’est l’Australie. Quand le soleil tape dur ici, c’est l’hiver sous leurs cieux. Et vice-versa. Leur Père Noël fait sa tournée en slip de bain, entouré de mères Noël en bikini. Pas de rennes, ce sont des wallabies qui tirent son traîneau, bondissant de cheminée en cheminée. Pas de luges au pied du sapin mais des planches de surf. Tout y est sens dessus dessous. A croire que, quand on a les pieds sur terre, eux, là-bas, doivent marcher sur la tête. A croire que, quand on est stressés, tassés comme des bestiaux dans des transports en commun mal ventilés, eux jouent nonchalamment de la guitare, tongs aux pieds, mèche rebelle flottant au vent, en regardant briller le soleil sur l’océan. Quand on est froids et austères, ils surfent avec les sommets du cool. En cette période d’insouciance estivale, il m’a semblé nécessaire d’importer un peu de cette coolitude dans nos tristes contrées. Mais, tout bien réfléchi, peut-être qu’à l’autre bout de la mappemonde, ils se disent que la classe, c’est de boire du vin hors de prix en faisant la tronche. On est toujours l’antipode de quelqu’un d’autre. Tu ne comprends rien à cette introduction ? Moi non plus. Bref, voici venir dans tes oreilles ébahies, ami lecteur, l’un des très grands disques de l’année 2013 : Howlin, de Jagwar Ma. Rien à voir avec un sandwich libanais au poulet presque du même nom, Jagwar Ma, c’est de la bonne vibe des antipodes, c’est du plaisir puissance 1000, des petites bulles pétillantes de kiff musical.

Si Jagwar Ma voulait débarquer discrètement sur vos platines, c’est loupé. Merci Noël Gallagher ! Quelques semaines avant la sortie de leur album, l’ancien Oasis a annoncé à qui voulait l’entendre que, de ce disque, dépendait le futur de la galaxie. Si l’on admet que l’avenir de la musique est plutôt dans le réassemblage ou la recomposition d’influences diverses et variées, alors effectivement on ne peut pas lui donner tort. Pas grand-chose de neuf dans Howlin, mais le génie des deux Australiens est ailleurs, dans leur formidable capacité d’assimilation. Howlin est un disque globe-trotter, qui slalome allègrement entre le Manchester des années 80 et la Californie des Beach Boys, entre trips psychédéliques et euphories dance-floor. Transgenre, gorgé de soleil comme une pêche juteuse, délicieusement pop, résolument catchy, groovy, sexy, voilà un album qui fait du bien parce qu’il vous colle des smileys sur la face. Les onze titres du disque sont traversés de bout en bout par un flux d’ondes positives. Un joyeux melting-pot sonore originaire d’Australie mais qui a bien bourlingué, à Londres, à Berlin puis à Paris, où a eu lieu l’enregistrement. Mêlant, pour le meilleur, les influences soul et electro de Jono Ma et les inspirations indie pop de Gabriel Winterfield, Jagwar Ma a tout d’un mariage heureux. Et Howlin tout pour devenir la bande-son idéale de l’été 2013.

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