J’ai entendu : Katerine, Francis et ses peintres – 52 reprises dans l’espace

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Certains artistes sont tellement à part que la presse musicale a toutes les peines du monde à les cerner. Inclassables, originaux, loufoques, ils échappent à toutes les étiquettes, glissent comme des poissons ruisselants entre les mains de ceux qui veulent à tout prix les faire rentrer dans une case. Il suffit de voir les articles de l’hebdomadaire télé qui pagaya et du magazine rock que nul ne saurait soudoyer pour comprendre que Philippe Katerine fait partie de cette catégorie de chanteurs qui font transpirer les journalistes musicaux à grosses gouttes. A chacun de ses albums, je les imagine assez, guettant des yeux la réaction du voisin pour savoir s’il faut aimer ou non les élucubrations de cet olibrius délirant. Ce qui donne des articles du genre : Philippe Katerine, génie libre et sans limites ou imposteur consternant? Lisez la chronique de Télérama parue cette semaine. Elle est à pisser de rire tellement le pauvre rédacteur a du mal à prendre parti. Alors, disons le une fois pour toutes, le comité de rédaction de J’ai tout lu, tout vu, tout bu…, au grand complet (c’est-à-dire moi), aime Philippe Katerine sans modération et sans aucun remords.
L’année dernière, ce grand enfant nous avait soufflés avec un génial album où le minimalisme des paroles le disputait à la richesse des instrumentations. Katerine cache sous une apparente naïveté une liberté créatrice sans entraves et une exigence réelle dans ses compositions. C’est aujourd’hui, qu’on l’apprécie ou non, l’un des seuls artistes français à ne pas s’imposer de limites dans les textes et dans les ambiances. Qui aurait osé chanter Moustache ou Bla Bla Bla sans trembler des genoux? C’est qu’il y a chez Philippe Katerine une absence (réelle ou supposée?) d’auto-censure, un goût certain pour la provocation et une évidente fibre poétique et surréaliste. En parallèle à la sortie de l’album, Katerine s’était lancé avec quelques amis musiciens, dans un nouveau projet original. Chaque semaine, avec ses acolytes, il publiait une reprise d’une chanson française à succès. Les auteurs, les interprètes de ces chansons plus ou moins ringardes doivent-il y voir un hommage à leur bon goût artistique? Je n’y mettrais pas ma main à couper. 
En tout cas, Katerine, Francis et ses peintres sortent ce recueil de reprises sous la forme d’un coffret 3 CD intitulé 52 reprises dans l’espace. Et il y en a pour tous les amateurs du Top 50. Tous ces morceaux qui avaient mal résisté à l’usure du temps se retrouvent dépoussiérés par notre génial hurluberlu. Chantal Goya est jazzifiée, Diam’s bossa-novaïsée, et même le papayou de Carlos en sort tout retourné. Katerine parvient à nous faire aimer les tubes dont on avait toujours un peu honte. Notre mémoire musicale collective s’en trouve totalement réinventée. On se prend même à fredonner avec lui Partir un jour ou La queue-leu-leu. De la pire soupe variétoche, il réussit à nous concocter un festin goûteux et surprenant. Du grand art…

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