“Après avoir écouté cet album, imaginez que vous en êtes l’auteur”. C’est ainsi que Laurel Sprengelmeyer, alias Little Scream, nous fait don de son Golden Record. S’il est un disque qui porte merveilleusement son titre, c’est bien celui-ci tant chacune des compositions de la jeune songwriter répand de beauté et de lumière. Dès les premières mesures, on se sent comme plongé dans un rêve. Chaque morceau est un trésor à découvrir, à la fois complexe et tellement évident, comme si, cette musique, au fond, vous l’aviez en vous depuis toujours et que vous n’attendiez plus que la petite voix caressante de Laurel Sprengelmeyer pour la faire émerger. L’américaine, exilée à Montréal, atteint avec ce premier album la perfection absolue. 

Certes, la scène alternative a été marquée par une large féminisation au cours des dernières années. PJ Harvey, Anna Calvi, ou encore Agnès Obel ont livré dans les derniers mois des albums magnifiques, porteurs d’une véritable identité musicale. Le seul reproche qu’on pourrait leur adresser, c’est sans doute de n’explorer sur leurs disques respectifs qu’un horizon de possibles limité. Au contraire, Little Scream ne se fixe aucune borne et se laisse porter par des instrumentations variées et audacieuses. Il faut dire que, pour réaliser ce disque, elle a su s’entourer des plus brillants représentants de la scène montréalaise. Coréalisé par l’un des leaders d’Arcade Fire, Richard Reed Parry, The Golden Record réunit aussi des membres de Silver Mount Zion ou de The National. Comme l’affirme Laurel Sprengelmeyer, ce disque est donc une création collective puisqu’il s’est aussi nourri du talent et de l’inspiration des autres musiciens. Le résultat est à la hauteur puisque les arrangements sublimes mettent en évidence une voix tantôt caressante, tantôt psalmodiante. 

Un ange est descendu sur Terre. Laissez vous aveugler par cette lumière céleste. Pour l’instant, c’est l’album de l’année dans ma discographie. Et, allez, je prends les paris, rien de plus beau ne sortira en 2011…