J’ai entendu : Perio – 30 minutes with…

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Où il est question d’un endroit mal femmé, d’une eau de vie ou de mort, d’un bipède solitaire et d’un oiseau rieur…

Assis au comptoir de ma vie, je regarde les éclats de rêves brisés qui s’amoncellent à mes pieds. La maîtresse des lieux coupe court à mes divagations. “Happy Hour”, crie-t-elle, à l’heure des heures sombres. Et moi, je bois son rire jusqu’à la dernière goutte. Rien n’a de sens sauf le sens de l’humour.

Cette nuit encore, je vais me noyer dans l’eau de vie ou de mort. Au sortir de cet endroit mal femmé, je m’en irai titubant vers un avenir sans certitudes. Je suivrai des fantômes, j’étreindrai des fantasmes. Je me casserai la gueule, je mordrai la poussière. Et je me relèverai. Comme toujours. Je traverserai des déserts, des océans, des villes aux lumières grises, jusqu’à la nuit tombante.

J’essaierai d’être beau, à ma façon, une goutte d’eau dans le désert. Peut-être que tu passeras sans me remarquer. Si je savais, j’attraperais une guitare et je vous chanterais des chansons, à toi, à la lune et aux clients du vieux bar miteux où j’atterris inlassablement. Tout le reste n’aurait pas d’importance. Mais je ne sais pas faire ça. C’est sûrement pour ça que la musique de Perio m’a autant touché.

Je ne connais pas Eric Delporte. Je n’ai découvert l’existence de Perio que très récemment. Et, pourtant, curieusement, je me sens proche de lui. Je l’imagine, bipède solitaire, arpentant les ruelles sombres en quête d’inspiration, finissant par la trouver au hasard d’un infime détail, insignifiant aux yeux du quidam pressé, mais pas aux siens.

Je l’imagine, oiseau rieur dans la ville aux lumières grises, se moquant du ballet de ses contemporains, prenant son temps là où d’autres n’en ont jamais, se posant à la terrasse d’un bistrot pour griffonner l’esquisse qui enflera dans son esprit jusqu’à devenir une chanson. Je l’imagine un peu fêlé, un peu bancal, un peu rêveur, laissant son spleen vagabonder vers d’autres continents. J’imagine des plaines, des montagnes, son Amérique à lui.

Plus je les écoute et plus je me dis que ces chansons-là vont me trotter dans la tête et me coller à la peau encore très longtemps.

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