J’ai entendu : Plates of Cake – Teenage Evil

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« Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés. »
Debout face au miroir, chemise relevée, je regarde le petit ventre rond de ma compagne puis j’examine avec minutie l’amas de chair flasque qui pendouille au-dessus de ma ceinture. Affublé d’abdos minables, je ressemble à Schwarzenegger dans Junior ou à Danny DeVito dans toute sa filmographie. Ma copine, aveuglée par l’amour, a beau me répéter que je ne suis pas gros, juste un peu rondouillet, ça ne me rassure pas pour autant.
Depuis que la médecine du travail m’a diagnostiqué ce redoutable oxymore : un léger surpoids, accompagné des recommandations d’usage : mangez moins, faites du sport, buvez de l’eau… , je n’y peux rien, j’ai l’estomac noué.
Mais, oranges, ô désespoir ; sot-l’y-laisse ennemi, moi qui n’ai tant vécu que pour cette dinde amie. Tonnerres de Paris-Brest, mille milliards de mille sabayons éclairent au chocolat mon frugal quotidien et font voler en éclats de noisettes mes bonnes résolutions. L’autre soir, après l’Opéra, j’ai vu un Congolais saint-honorer une Religieuse. J’en suis resté baba, comme deux ronds de flan. Gourmand, moi ? Y a des tartes qui se perdent.
Mon regard se pose à nouveau sur le petit vendre tout rond de ma compagne. Si c’est une fille, c’est sûr… je serai papa gâteau.
En tant que rédacteur en chef de J’ai tout lu, tout vu, tout bu…, je présente des excuses aussi plates que possibles au groupe Plates of Cake pour cette entrée en matière copieuse. Traduit avec Google Trad, le paragraphe qui précède doit ressembler à s’y méprendre à de la crème anglaise. En même temps, quelle idée de s’appeler Plates of Cake !
En dépit de leur nom à coucher dehors, les Plates of Cake ne sacrifient pas à la ridicule mode des cupcakes, ces gâteaux grotesques, décorés comme des arbres de Noël. Le vernis, les colorants, l’apparence, très peu pour eux. Il n’y a qu’à regarder les pochettes de leurs albums pour s’en convaincre. Non, leur truc, ce serait plutôt le fondant au chocolat. Ça ne paie pas de mine, un fondant et, pourtant, plus on approche du cœur et plus c’est bon.
De la même façon, les compositions du quatuor vont à l’essentiel. Avec leurs riffs brûlants et leurs mélodies power-pop d’une remarquable efficacité, les Plates Of Cake s’approprient à leur manière tout un pan de l’héritage du rock à guitares, du classic-rock au punk. en passant par le psyché et le garage-rock, reprenant même un titre des Soft Boys. Il serait pourtant réducteur de ne voir dans Teenage Evil qu’un hommage vibrant à des idoles passées. D’abord, les influences sont suffisamment variées et digérées pour résister aux raccourcis hâtifs mais ce qui rend Plates of Cake différent et immédiatement reconnaissable, c’est avant tout la voix de baryton de Jonathan Byerley. Une voix leonardcohenesque, qui semble avoir déjà tout vécu et être déjà revenue de tout, et sur laquelle, telles les vagues sur un rocher, viennent se briser les assauts power-pop de ses acolytes. Cette voix, qui m’avait déjà séduit lorsque j’avais découvert le premier album du groupe il y a quelques mois, est à la fois sombre et charmante, gargantuesque et romantique. Sur Teenage Evil comme sur son prédécesseur, elle occupe une place centrale, donnant une cohérence et une âme à l’ensemble, mais, cette fois-ci, l’implication des différentes parts du groupe semble plus importante. Plates of Cake est désormais bien plus que la somme de ses ingrédients. Teenage Evil marque l’aboutissement d’une longue phase de maturation et l’expression d’une formation qui prend de plus en plus confiance en ses propres potentialités.
Un disque que je vous recommande chaudement. A déguster sans modération, de préférence à température ambiante, à la tombée du jour, avec un petit verre d’alcool, le tout, cela va sans dire, dans le respect des politiques de santé publique !

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