S’il est des disques capables de réconcilier l’ombre et la lumière, alors I want that you are always happy est de ceux-là. Un disque d’une beauté sombre, oscillant entre rêveries mélancoliques et envolées lyriques. Les six membres du collectif australien revisitent l’héritage musical américain en 13 titres d’une efficacité imparable.

Trop vite classés dans la catégorie des groupes folk barbus après le brillant et sobrement intitulé The Recordings of The Middle East, Jordan Ireland et ses acolytes nous reviennent avec un album qui reprend et transcende tout ce que l’Amérique avait pu nous offrir musicalement, de quoi s’affranchir de toutes les étiquettes qui leur collaient aux basques et laisser loin derrière les “beaux-mais-chiants” Fleet Foxes. Ici, on va de surprise en surprise car, sans renoncer à ses références, The Middle East impose un style unique à cet enchaînement de pépites folk-pop. Les harmonies exceptionnelles et la voix cristalline de Jordan Ireland donnent une réelle unité et une profondeur spirituelle à l’ensemble.

Dès les premières mesures de Black Death 1349, on se sent comme envoûté, comme pris au piège dans un tour de magie noire. La magie continue d’opérer avec la solennelle ballade My Grandma was Pearl Hall, où voix et piano s’entremêlent brillamment. As I go to see Janey, sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’album, nous offre une mélodie destinée à rester tatouée longtemps dans notre esprit… Du début à la fin, I want that you are always happy est un délice de fulgurances et de ballades entêtantes, une merveille d’écriture et de composition.

Un album qui restera à jamais gravé au panthéon des grands disques de 2011 et un testament musical pour un groupe exceptionnel qui vient, il y a quelques semaines, de se séparer. Mais à l’instar de son titre, nous serons toujours heureux à l’écoute de cette pure merveille venue des antipodes.