J’ai entendu : Winter By Lake – Wooden Spirits

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Petit, mes parents m’emmenaient souvent à la forêt. Comme mon père n’était pas précisément du genre aventurier, on ne sortait jamais des sentiers balisés. Le reste, je ne pouvais que l’imaginer…

Ce qu’il y a de plus excitant, dans les bois, c’est ce qu’on ne voit pas. L’aventure dissimulée derrière les arbres séculaires. Le moindre battement d’ailes, le moindre bruissement de feuilles prennent des allures romanesques. Le moindre craquement de bois sous nos pieds et l’on s’imagine repéré, piégé. Perdu peut-être.

Il y a, dans ces lieux, tant de recoins inexplorés, tant de terrains jamais foulés par l’homme que l’on se sent vite pris de vertige. Certains affirment que, dans ces territoires vierges, les forêts ont une âme, une conscience propres. Il paraît même qu’une fois la nuit tombée, les esprits de la forêt se mettent à chanter.

Peut-être ces esprits ne naissent-ils que dans la tête des randonneurs égarés mais peut-être aussi existent-ils vraiment ? Allez savoir. Si vous m’aviez posé la question quelques jours plus tôt, je vous aurais dit d’aller voir ailleurs. Mais, depuis que je m’enferme dans mon bureau, lumières éteintes, et que j’écoute Wooden Spirits, désormais, moi aussi, je les entends.

Nicolas Cancel, alias Winter By Lake, a cette façon bien à lui de d’être à la fois dans et hors du monde. Sa musique a quelque chose de sacré. Comme si les esprits de la nature s’exprimaient à travers lui. Il est à la fois une sorte d’anachorète, seul aux commandes de sa barque – il a lui-même écrit, composé, enregistré et mixé l’album – et le messager de ce tout qui nous dépasse.

Le plus impressionnant, dans l’electro-folk boisée de Winter By Lake, ce sont les silences, les interstices, les espaces qu’elle dessine pour laisser libre cours à nos imaginations de citadins blasés.

J’éteins la lumière. J’écoute Wooden Spirits. Il fait noir. Les étoiles brillent au plafond. Les oiseaux jouent à cache-cache entre les arbres. A mes pieds, un ruisseau murmure entre les peupliers. Une branche craque. Une forme sombre fait frémir les feuilles. J’ai un peu peur mais c’est tellement beau. C’est ça, la poésie de Winter By Lake.

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