J’ai interviewé : Little Scream

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Souvenez vous, il y a quelques temps déjà, je vous annonçais The Golden record comme l’un des plus grands disques de l’année 2011. Laurel Sprengelmeyer, alias Little Scream, a gentiment accepté de répondre à mes questions. Une interview simple, tendre et sincère à l’image de la musique de cette américaine expatriée à Montreal…
Peux-tu nous raconter tes premiers souvenirs musicaux?
Les premiers souvenirs musicaux qui me viennent en tête, ce sont ceux de ma mère chantant en chœur en écoutant des disques dans notre maison, essentiellement des comédies musicales, des génériques télé ou des chansons de la motown. Ma mère a vraiment une belle voix d’opéra qui couvre 4 octaves et, d’une manière ou d’une autre, elle arrive à faire sonner tout ce qu’elle chante comme de l’opéra. Le premier album que je me souviens avoir entendu est un opéra pour enfants de Menotti appelé Amahl and The Night Visitors. Ensuite je me rappelle qu’elle chantait Porgy and Bess de Gershwin et cette chanson, Send in the Clowns. Il y a toujours quelque chose de beau et bouleversant quand elle chante. Mais maintenant je ne l’entends plus chanter que quand elle fait du karaoke. Elle aime particulièrement chanter cet air de Billy Ocean Get out of my dreams, get into my car. Quand elle chante, c’est une sorte de version féminine de Klaus Nomi, une sorte de travestie d’opéra. Je ne crois pas qu’elle soit vraiment consciente qu’à ce niveau-là ce soit de l’art. C’est juste naturel pour elle.
C’est comment de vivre à Montréal pour une Américaine?
Le fait d’être américaine m’a en quelque sorte immédiatement positionnée dans le monde anglophone de Montréal et, bien que ce soit un endroit super et plein de vie, ce n’est qu’un village à l’intérieur de la ville. Montréal est une ville extraordinaire mais si tu n’immerges pas complétement dans la partie francophone, tu passes à côté de ce qu’il y a de mieux au niveau artistique, théâtral et culturel. Même si mon français s’améliore, j’ai encore beaucoup de progrès à faire avant de faire complétement partie de la ville.
D’où vient le nom Little Scream?
Là d’où je viens, presque tout le monde a un surnom et beaucoup  commencent par “little” ou “big” quelque chose. Par exemple, Little Hat, Big D ou Big Head. Il y a aussi d’autres surnoms comme Troggy, Buzzy, Doodoo, Crunchy, Bitsy, …Il y en a plusieurs qui me sont restés, comme Lorlo ou Baby G. Mais j’ai toujours préféré ceux qui commencent par “little”ou “big”. Alors, quand j’ai choisi de m’appeler Little Scream, je ne me suis pas vraiment posé la question. Ça m’a juste semblé bien. Mais je suppose que ça doit beaucoup à cette culture des surnoms.
Comment as-tu rencontré Richard Reed Parry (NDLR : l’un des membres d’Arcade Fire) et comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble?
Nous nous sommes rencontrés par le biais d’amis communs peu de temps après mon arrivée à Montréal en 2011. Je commençais à rassembler le matériel pour ce disque depuis quelques années et lui et moi avons commencé à évoquer une collaboration à ce moment-là. Il était en train de construire un home-studio et, donc, nous avons utilisé mon disque comme une sorte de projet pilote pour monter et développer le studio. C’était bien parce que nous avons traversé ensemble toutes les difficultés du processus, c’est-à-dire, en ce qui me concerne, découvrir ce que c’était que d’enregistrer un disque et, pour lui, s’occuper du studio. Heureusement nous avons reçu l’aide de Marcus Paquin en tant qu’ingénieur du son et aussi en tant qu’oreille attentive. C’est vraiment un garçon patient et compétent.
Pourquoi est-ce tellement important pour toi d’insister sur le fait que The Golden Record soit une création collective?
A moins de faire des disques entièrement seul, de les enregistrer et les mixer soi-même, tout disque est une création collective ou, au moins, collaborative. Même si j’ai tout écrit moi-même, je n’aurais jamais réussi à faire ce disque tel qu’il est sans les gens qui m’ont aidé à le réaliser physiquement. Et il me semble que les gens qui m’ont soutenue moralement et encouragée doivent aussi être crédités parce que, sans eux, je ne pense pas que j’aurais pu faire ce disque ou même partager ma musique publiquement. Je suis une personne bornée et timide et il m’a fallu les encouragements de bon nombre des mes proches pour surmonter ça.
Peux-tu m’expliquer comment, avec mes piètres talents musicaux, je peux être l’auteur du disque?
Je suis heureuse que tu aies lu cette partie (NDLR : dans le livret, un paragraphe affirme que l’auditeur est le créateur du disque). J’ai toujours été étonnée de voir à quel point nous projetons tous nos propres vies et nos propres sentiments dans la musique que nous aimons, quand bien même elle viendrait des recoins les plus personnels de son créateur. Il faut toujours être au moins deux pour qu’une chanson ou une histoire soit vraiment complète, un pour la créer et un autre pour la recevoir et lui donner vie dans son esprit. Pour moi, inclure cette intro dans la pochette du CD, c’était une sorte de façon ésotérique de rappeler aux gens qu’écouter est aussi un acte créatif.
 

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