Nouveau venu sur la scène britannique, Lola Colt remet les guitares sur le devant de la scène et déploie un univers hautement expressif largement inspiré par le cinéma (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an -Ep.67). Leur rock sexy et intense bouillonne d’idées et les impose d’ores et déjà comme un groupe à suivre de très près. Pour mieux faire connaissance avec eux, nous avons interviewé Matt Loft, guitariste et membre fondateur.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous commencé à jouer ensemble?
Un mélange d’amis et de rencontres fortuites. Une fois que vous commencez à tourner d’une certaine manière, ça attire forcément une certaine catégorie de personnes.
Pourquoi avoir donné au groupe le nom d’un obscur western spaghetti?
A notre avis, il y a quelque chose d’intrinsèquement féminin dans notre musique donc ça faisait sens de choisir un nom féminin mais il fallait quelque chose de fort. Je pense que nous avons ressenti une connexion avec le film parce que c’est un mélange schizophrène d’idées, d’époques et de personnes. Il ne correspond pas vraiment au genre auquel il est associé, il est à part et ne s’en excuse pas.
Votre musique en elle-même est largement marquée par le cinéma. Dans quelle mesure est-ce que ça influence votre écriture?
Considérablement. Je suis obsédé par la musique de film. Il m’arrive régulièrement de regarder des films dont je connais déjà la musique en long et en large. En tant que groupe, nous utilisons une approche de musique de film pour exprimer quelque chose de plus complet plutôt que d’écrire de simples accompagnements sur lesquels un chanteur raconterait des histoires ou de fournir un rythme sur lequel danser. Les musiques de films essaient toujours d’exprimer quelque chose. Accentuer l’atmosphère, vous remonter ou vous casser le moral, vous rendre anxieux et ça peut marcher avec ou contre l’histoire, ce qui donne une tout autre dimension sur laquelle on peut aussi jouer. Nous avons souvent l’impression que nous sommes en train d’écrire la musique s’un film qui n’existe pas.
J’ai lu pas mal de comparaisons entre la voix de Gun et celle d’autres chanteuses comme, par exemple, Patti Smith, PJ Harvey ou Anna Calvi. Selon vous, est-ce qu’il s’agit juste de comparaisons de journalistes paresseux ou est-ce que ces artistes sont des sources d’inspiration pour vous?
Je ne dirais pas que nous sommes influencés par ces artistes même s’il y des similitudes dans la mesure où elles ont des voix puissantes et croient passionnément en ce qu’elles chantent. Les gens entendent toujours différentes choses dans la musique et les journalistes vont inévitablement vous comparer à quelqu’un. Je ne crois pas que ce soit de la paresse parce que ça peut aider le lecteur à visualiser le son, mais c’est juste leur propre opinion, leur perception de ce que nous faisons et je pense que ça peut s’oublier.
Les quelques critiques que j’ai lues sont très élogieuses sur vos prestations scéniques. Est-ce que c’est facile de transposer cette énergie live dans les sessions studio?
L’énergie de notre groupe ne se cantonne pas nécessairement au live, elle est inscrite dans notre musique en elle-même. Ce n’est pas la même énergie que, disons, un groupe de punk sur scène. Nous ne sautons pas dans tous les sens, nous ne cassons pas de matériel, c’est plus une question de tension. Parfois, ne pas donner aux gens ce qu’ils attendent de vous peut s’avérer beaucoup plus puissant que de leur balancer toute la sauce en 30 minutes non-stop. Nous essayons de sculpter nos concerts en alternant hauts et bas. Donner et reprendre, construire quelque chose de fragile et puis le détruire. En studio, nous enregistrons et produisons tout nous-mêmes donc nous savons ce que nous voulons entendre, mais ça rend les choses difficiles parce qu’il est naturel d’être critique envers soi-même, nous nous remettons en question constamment. Maintenant nous apprenons comment mieux sculpter le son mais nous avons passé plus d’une semaine en studio récemment et nous avons fini par tout balancer. Quand on auto-produit, on est son propre pire ennemi. C’est presque sadique.
J’ai cru comprendre que vous sortirez un LP courant août. Pouvez-vous nous donner plus d’informations?
En fait, nous sortirons probablement quelques singles jusqu’à la fin de l’année avant de sortir un EP ou un album. Nous aimons cette idée de diffuser une chanson à intervalles réguliers, accompagnée d’une vidéo, comme un travail se suffisant à lui-même. Le prochain titre s’appelle Diamonds et devrait être disponible le mois prochain.
