J’ai interviewé : Maica Mia

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Il y a quelques semaines, Maica Mia était arrivé comme un petit intermède entêtant dans la froideur hivernale du mois de février (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.39). Un  Sparcity Blues lancinant et minimaliste venu de Montréal et porté par une voix magnifique m’avait donné envie d’en savoir plus sur ce duo expérimental intrigant. Maica et Jonny ont gentiment accepté de revenir avec moi sur leurs débuts, leurs influences et leur nouvelle direction musicale…


Quelles sont vos principales influences?
Maica : Les plupart de nos influences ne viennent pas uniquement de la musique, mais plutôt de moments de silence. Le son de la pluie qui tombe sur les usines tout proches de chez nous. Le son de la neige qui croustille sous nos bottes d’hiver. Le son de la fin d’un album quand l’aiguille ne monte pas automatiquement, alors il y a un bruit qui ressemble un peu au battement du cœur. Mais, bien sûr, nous écoutons aussi souvent de  la musique. Chez nous, on écoutait beaucoup de rap du  Sud des États Unis, les projets de Will Oldham et les compositions de Morton Feldman. Ah oui, et il y a aussi la voix que j’aime le plus au monde, celle de Lee Hazelwood. Quand j’étais petite, ma famille n’écoutait rien que de la musique classique.
Jonny : Le café, l’eau, l’océan, l’aube, le crepuscule, la pluie, la neige, mon papa, ma maman, DJ Screw, Waka Flocka Flame – Duflocka Rant (10 toes down), le bien/le mal, Yo Gotti, Christopher Jonathan Strickland, OJ da Juiceman, Broccoli, Liquid Swords, UGK, Joe Colley, Maica, mon chat, Jason Lescalleet, Jimmy Garrison, Only Built for Cuban Links, Black Flag – The First Four Years, Lex Luger, Paul Célan, Rashid Ali, Alice Coltrane, Elvin Jones, Kaneko Jutok, Kikukawa Takahisa, Billy Higgins, Ed Blackwell, le silence, Thug Motivation 101, Bonnie Jones, Joy Division, la forêt, Toshi Nakamura, Brendan Reed, E-40, John Tilbury, Morton Feldman, Neil Young, Velvet Underground, John Coltrane, Derek Bailey, les Rallizes Dénudés, le rap de Memphis du début des années 90. 

Vous jouez tous les deux dans plusieurs groupes. Pourquoi avez-vous décidé de former ce duo?
Maica : Ça fait des années qu’on essaie de bien s’entendre avec d’autres musiciens dans divers projets. Avec d’autres personnes, on a vécu des expériences incroyables, c’est sûr, mais il y avait toujours quelque chose qui nous empêchait d’aller dans la direction que nous désirions. On a même essayé de jouez dans des groupes séparément, mais au final, c’était toujours Jonny qui me comprenait le mieux. Quand on s’est rencontrés et qu’on a joué ensemble la première fois, c’était très intense. J’ai eu l’impression que sa façon de jouer de la batterie me donnait une compréhension intime de moi-même. 
Jonny : Ca semble aussi naturel que le fait de respirer. Le  niveau de connexion psychique entre nous est au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer.

J’ai lu que vous considériez Sparcity Blues comme la fin d’un chapitre. Pouvez-vous nous en dire plus sur la nouvelle orientation que vous allez prendre?
Maica : La nouvelle direction est difficile à décrire, mais c’est tous simplement une direction qui a confiance dans les moments d’espace. Nous nous concentrons plus sur les chansons en tant qu’expérience physique et pas seulement dans le but de commencer et de finir une chanson. Jonny utilise aussi de plus en plus le sampler, donc nous avons beaucoup plus de textures à expérimenter.
Jonny : Nous n’avions pas d’idée  préconçue de où ça nous mènerait. L’idée, c’est de continuer à s’étendre. Le développement naturel. Faire bouger les frontières entre l’art et la vie. C’est un voyage que nous espérons partager avec le monde. Vive la France!

Est-ce que les morceaux Jonny-O et O Boze qui sont disponibles sur votre page Bandcamp reflètent plus votre nouveau style?
Maica: Tout à fait. Mais on commence même à utiliser aussi des beats synthétiques. 
Jonny: Oui et il y a toujours de nouvelles aventures musicales à portée de main.

Je vais peut-être avoir l’air un peu ignorant mais en quelle langue est écrit Dawaj Reke?
Maica: En Polonais. Ma mère est polonaise. Je passais mes étés en Pologne pendant mon enfance.

Girl est sans doute l’une des reprises des Beatles les plus intrigantes que j’aie pu entendre. Pourquoi avoir choisi cette chanson?
Maica : J’ai toujours trouvé que cette chanson était spéciale. J’aime bien la jouer à  la guitare. C’est aussi une chanson à laquelle beaucoup de personnes peuvent s’identifier, que ce soit à propos d’une fille ou d’un garçon.  

Montréal regorge d’artistes talentueux dans des styles musicaux variés. Comment expliquez-vous ce foisonnement?
Maica : Peut être parce que c’est encore une ville où le coût de la vie n’est pas trop élevé, alors les gens ont le temps de jouer et de  l’argent pour louer des salles de musique à partager. Mais ça change rapidement. J’ai vécu toute ma vie à Montréal et ça devient à coup sûr de plus en plus cher parce qu’il y a beaucoup de personnes qui arrivent avec l’idée romancée d’une vie bohème et artistique à Montréal. Les propriétaires d’appartement adorent ces jeunes naïfs. 

Maica, j’ai vu que tu faisais aussi de la photo. Penses-tu qu’il y ait une connexion entre les différentes formes d’art?
Maica : C’est certain. J’ai été élevée dans une famille où l’art visuel est important. Ma mère, Ludmila Armata, est une artiste exceptionnelle. C’est en observant ses méthodes de travail que j’ai appris la possibilité de m’exprimer visuellement. Dans mon adolescence, j’ai fait  la connexion entres les deux médias et voila!

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