J’ai interviewé : Michel Cloup

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Acteur majeur de la scène rock française depuis une vingtaine d’années, avec, notamment, Diabologum et Experience, Michel Cloup a sorti  fin 2011 un album introspectif magnifique intitulé Notre Silence (cf Les trésors cachés – Ep. 6 : Michel Cloup – Notre Silence). Avant son concert à Strasbourg (à la Galerie Stimultania, le 12 février prochain), Michel a gentiment accepté de répondre à mes questions…

Quel souvenir gardes-tu du concert avec Experience à la Laiterie de Strasbourg en 2000?
Un bon souvenir. On avait joué avec Mickey 3D, en ouverture de soirée. Ce soir là, nous étions (comme souvent) en grande forme explosive. Il y avait eu du répondant de la part d’une partie du public, l’autre semblait tour à tour surprise et effrayée. Comme d’habitude, l’enthousiasme de certaines personnes contrastait avec la passivité des autres, précisément l’effet recherché.

Pour ceux qui, comme moi, sont un peu trop jeunes, peux-tu nous dire comment c’était, Diabologum?
C’était bien, très intense. Mais attention, le succès critique rencontré par le groupe sur l’album #3 nous a confronté, tout comme avec Expérience, à des concerts assez intenses devant des publics parfois conquis, parfois partagés, parfois hostiles. C’était déjà le début d’un grand combat. Surtout qu’à l’époque, ce n’était pas le genre de musique que l’on entendait dans les Festivals d’été ou les galas étudiants. Je suis malgré tout très fier de tout ça, c’est mon côté Festi-connard.
Ton album intervient à peu près au même moment que l’annonce de la reformation de Diabologum. Est-ce un hasard?
Oui, totalement. L’album était déjà programmé quand nous avons décidé de rejouer, et comme je n’avais pas envie de le repousser… Ça a été une période fatigante, souvent j’enchaînais deux répétitions: une avec Patrice, l’après-midi, pour Notre Silence et une autre le soir avec Diabologum, où là c’était plus le club des vieux potes qui jamment autour d’une bonne bouteille de vin et d’un sandwich au jambon de pays.
C’est le premier album que tu sors sous ton propre nom. Pourquoi as-tu éprouvé à ce moment de ta vie le besoin de sortir un album plus personnel?
L’impression d’être allé au bout de ce que je pouvais faire en groupe et une grosse envie de penser à moi, avant tout. J’ai joué dans des groupes pendant 20 ans, il était temps de grandir et de s’assumer sous mon nom. Il se trouve qu’à ce moment-là j’ai vécu plusieurs évènements qui m’y ont poussé. J’avais des choses à dire, et je ne pouvais pas faire ça autrement.

Est-ce que la colère est pour toi un moteur de créativité?
Dans le passé oui,  mais absolument plus aujourd’hui. Je dirais même que depuis cet album, c’est plutôt un désir de sérénité qui s’est emparé de moi. Je reste en colère par rapport à certaines choses, je n’ai pas changé non plus, mais ce n’est plus le moteur exclusif par rapport à mon expression artistique. 

Que penses-tu de la scène rock actuelle et, en particulier, de la scène rock française?
Je trouve que la scène indépendante française a vraiment de la gueule aujourd’hui, bien plus qu’il y a 15 ans. Dans plusieurs registres musicaux (presque tous en fait), nous n’avons rien à envier aux autres. Je trouve que le niveau a sacrément augmenté, tant sur scène que sur disque, mon seul regret étant qu’il n’y ait pas plus de textes en Français, mais ça , c’est une autre histoire. 
Même si Notre Silence est plus introspectif, tu as toujours été un chanteur engagé sur les questions sociales. Comment juges-tu la situation actuelle de la France?
C’est une catastrophe, assez prévisible, doublée d’un contexte mondial assez catastrophique aussi. Le plus inquiétant, c’est cette sensation d’être dans une véritable impasse, idéologique et humaine. On dirait que la confusion a gagné la partie.

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