J’ai interviewé : My Brightest Diamond

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Shara Worden, alias My Brightest Diamond est l’une des artistes les plus intéressantes de la scène pop actuelle (cf J’ai entendu: My Brightest Diamond – All Things Will Unwind). Sa musique, aux confins de la pop et de la musique classique, ne recule devant aucune audace et faite preuve d’une créativité sans cesse renouvelée. Son dernier album, certainement l’un des plus beaux de l’année 2011, n’ a pas fini de nous enchanter les oreilles. My Brightest Diamond sera en concert à la Laiterie de Strasbourg le 30 mars prochain dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent. En attendant, elle est en interview exclusive sur J’ai tout lu, tout vu, tout bu…



Je crois savoir que tes parents étaient tous les deux des évangélistes musicaux. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton initiation à la musique
Tous les gens de ma famille chantaient ou jouaient un instrument: de la guitare, de l’accordéon, de l’orgue, du cor… et beaucoup d’entre eux ont été des musiciens professionnels à un moment ou à un autre. Mon père a été chef de choeur pendant une longue période et c’est probablement celui qui a eu la plus grande influence sur moi parce qu’il écoutait toutes sortes de musiques. C’était toujours d’une importance capitale pour lui d’avoir la meilleure stéréo possible. Quand j’étais petite, il ramenait à la maison des disques de la médiathèque pour me les faire écouter et nous parlions de la musique, des arrangements ou de l’instrumentation.


Comment es-tu venue de ta formation classique à la musique pop?
A l’école, je chantais toujours du classique et j’écoutais aussi de la pop. Je conduisais autour de la ville avec Whitney Houston ou Heavy D à fond dans mes enceintes Impala. J’ai vraiment commencé à écrire des chansons sérieusement vers l’âge de 19 ans, et j’étudiais en même temps pour devenir chanteuse d’opéra. Donc, à aucun moment, je n’ai cessé de faire à la fois de la musique classique et d’écrire des chansons. Hier soir, j’ai chanté une nouvelle pièce du compositeur David Lang au Carnegie Hall alors que, plus tôt dans la semaine, je chantais mes chansons dans un club punk à Rochester. On dirait bien qu’il n’y pas grand chose qui change pour moi.


Sur ton dernier album, tu as travaillé avec le YMusic Sextet. D’où est venue cette collaboration ?
Le violoniste de YMusic est Rob Moose. Assez ironiquement en fait, j’avais vu Antony (NDLR: Antony & the Johnsons) à New-York en 2001, il avait une section de cordes qui l’accompagnait et je suis tombée amoureuse. J’ai commencé à rechercher des joueurs d’instruments à cordes en postant des messages sur des forums Internet, et Rob a répondu. Nous avons commencé à jouer ensemble avant la sortie du premier album de My Brightest Diamond. Ensuite Antony recherchait un guitariste qui puisse aussi jouer du violon, alors je lui ai recommandé Rob et, maintenant, Rob dirige les performances orchestrales d’Antony! Quoi qu’il en soit, la morale de cette histoire, c’est que Rob est extraordinaire et, quand il a commencé à jouer avec le YMusic, je les ai tout de suite adorés et j’ai eu envie de jouer avec ces formidables musiciens à la première occasion.


D’où t’es venue l’inspiration pour l’album All Things Will Unwind ?

Des contraires. Le contraste de notre monde. La naissance/La mort. La richesse/La pauvreté. Rester/Partir. Les protons/Les électrons. Le respect/L’irrespect. La liberté/L’oppression. La joie/La tristesse.


A t’écouter, on a l’impression que tu n’imposes aucune limite à ta créativité et, cependant, ta musique conserve un côté accessible. Est-ce que tu changes souvent d’avis sur ce que tu es en train de faire ou te contentes-tu de simplement poursuivre ton inspiration ?
Oui, je change tout le temps d’avis mais, si on revient sur l’idée de limites, il y a eu énormément de limites sur ce projet parce que je savais que je voulais utiliser le même groupe de personnes pour l’ensemble de l’album. La musique a été conçue pour être jouée à la suite. L’instrumentation est très limitée. Je savais aussi que j’allais beaucoup voyager alors tout ce que j’allais jouer devait tenir dans une valise, donc il fallait que mes instruments soient petits, comme un ukulélé, une auto-harpe, un mbira. Ma musique est aussi liée aux musiciens avec lesquels je joue, donc je tombe pas arbitrairement amoureuse de la trompette ou de l’alto. Ce qui me transporte, c’est de jouer avec CJ Camerieri et Nadia Sirota, qui me stimulent et m’inspirent et qui, c’est sans doute le plus important, veulent  bien jouer avec moi. Pour moi, le fait de jouer de la musique est toujours lié aux relations que je tisse avec les gens.


Est-ce que le fait de devenir maman a changé quelques chose à ta façon d’écrire des chansons ?
Je pense qu’en devenant mère, je me sens beaucoup plus responsable. Mes choix affectent directement la vie de quelqu’un d’autre et je pense que cette responsabilité s’accompagne d’une réelle gravité. Il me faut aussi écrire beaucoup plus vite maintenant. Je n’ai plus autant de temps pour remettre en cause mes choix parce que mon temps est beaucoup plus limité à présent.


Quels sont tes plans pour les mois à venir? Une tournée en préparation et du travail sur de nouveaux morceaux ?
Oui, une grosse tournée! La semaine prochaine, nous faisons le Long Count au Barbican de Londres. Ensuite, nous ferons plusieurs dates aux États-Unis en février, puis nous serons en France pour l’hommage à Bob Dylan en mars et pour le festival Les Femmes s’en mêlent. Et oui!, à la première occasion, je profite pour travailler sur de nouveaux morceaux.


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