J’ai interviewé : Polaroid3

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Mercredi dernier, je rencontrais, dans l’appartement de Christine Clément, les trois membres de Polaroid3 (cf Hopla Geiss – Ep.10). Journaleux à l’arrache, tête en l’air et dilettante, j’avais bien entendu omis de me munir de mon dictaphone dernier cri. Qu’à cela ne tienne, à l’ancienne, j’ai pris des notes en pattes de mouche, hiéroglyphes à l’extrême limite du discernable. Avec un peu de mémoire et beaucoup de bonne volonté, voilà ce que j’ai pu sauver de cette merveilleuse rencontre. Une interview passionnante qui pourrait s’intituler “La prosodie de Schwarzenegger”.


Comment le groupe s’est-il formé?

Christophe : On avait tous les trois fait partie d’autres groupes avant le collectif. On s’était beaucoup croisés, on était amis musicalement depuis un bon moment, très impliqués dans le jazz d’aujourd’hui. On a commencé par expérimenter des sons ensemble et quand on a remplacé le piano par le Fender Rhodes, ça nous a tout de suite donné une identité plus électrique, une ouverture plus rock. Le vrai départ correspond aussi au moment où on a trouvé notre esthétique et où on a choisi le nom Polaroid3. Ça a été un déclic. On a arrêté des choix, on était sûrs de ce vers quoi on voulait aller. On s’est clairement donné une identité musicale. On a commencé à mettre des mots dessus.
Est-ce que vous aviez l’idée de faire quelque chose de plus pop que vos projets respectifs précédents?
Christine : A vrai dire, on n’avait pas d’idée prédéfinie. On s’est pas mal laissés guider par la musique. J’ai utilisé plus d’effets sur ma voix. Le fait d’abandonner le piano pour le Rhodes a aussi été décisif dans la construction de notre son. Ça nous a fait sortir de la scène jazz et explorer d’autres possibilités. Notre approche est très basée sur l’improvisation, les matières sonores. Faire entrer l’auditeur dans des tunnels sonores.
Francesco : Oui, on s’est inspiré aussi d’un groupe comme My Bloody Valentine pour ce qui est de la place des instruments.
Christophe : Ouais, moi, j’aime pas trop My Bloody Valentine…
Christine : Mouais, moi non plus
Le nom Polaroid3, ça vient d’où?
Christophe : Ça vient en fait d’un polaroid d’Andy Wahrol qui représente Schwarzenegger. Attends, je te le montre (il trifouille son portable et déniche la photo en question).
Christine : C’est le côté instantané du polaroid qui collait bien à ce qu’on faisait et puis aussi l’aspect vintage.
Vous venez d’univers musicaux variés. Est-ce qu’il y a des groupes sur lesquels vous vous retrouvez?
Francesco : Radiohead, Portishead, tous les groupes en Head en fait…Ah, non, pas les Talking Heads par contre.
Christine : Moi, ce serait plutôt des gens comme Laurie Anderson…
Et comment, en pratique, vous arrivez à concilier tout ça?
Christine : On est avant tout guidés par notre rapport au son, par le travail de la matière sonore. On ne veut pas essayer de ressembler à qui que ce soit. On suit les directions initiées par chacun pour voir jusqu’où elles nous mènent. C’est une façon de faire qui vient de ce que l’on est. On enregistre, on écoute, on répète. On est très difficiles, très exigeants.
Au niveau des textes, pourquoi avoir choisi de mettre en musique des poèmes d’Emily Dickinson?
Christine : Pour moi qui vient de la musique improvisée, la musique vient avant le texte. Je n’ai pas forcément cette culture du texte qui prévaut notamment dans la chanson française. J’ai découvert ces très beaux textes d’Emily Dickinson ou de Thomas Hardy. Mais ce n’est pas toujours évident au niveau de la prosodie…
Christophe : La quoi?
Christine : La prosodie. La rythmique du texte. Mais je pense que je vais de plus en plus écrire mes propres textes. On a eu une longue discussion à ce propos sur l’autoroute. Ce sera plus pratique, moins contraignant.
Où puises-tu ton inspiration quand tu écris tes propres textes?
Christine : Ce sont surtout des rêves éveillés, des ambiances et des jeux de scène. J’ai un texte basé sur l’imagerie des couleurs. Quelque chose d’assez impressionniste. J’aime bien jouer sur les métaphores, les polysémies.
Comment jugez-vous l’accueil de Rebirth of Joy? Et comment voyez-vous la suite des événements?
Christophe : L’accueil est très bon. Les premières réactions ont toutes été positives. C’est un projet auquel on a envie de consacrer plus de temps. On prévoit quelques concerts dans les prochains temps et, ensuite, on sortira le 2ème EP qui est quasiment bouclé.
Pourquoi justement sortir plusieurs EP plutôt qu’un album?
Francesco : C’est l’idée de montrer l’évolution du groupe. En quelques mois, on joue déjà une musique assez différente. Chaque étape nous permet de nous remettre en question.

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