J’ai interviewé : Swann

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Parmi les nouveaux talents de la scène folk française, Swann est sans doute celle dont on parle le plus en ce moment. Son premier album Neverending sortira en avril prochain. Enregistré avec l’aide de Rob Ellis, qui a produit notamment PJ Harvey et Anna Calvi, ce premier essai est très attendu. La jeune française, déjà adoubée par une partie de la presse musicale nationale, a accepté de répondre à nos questions…

Quels sont tes premiers souvenirs musicaux?

Je me rappelle avoir écouté souvent Pierre et le Loup de Prokofiev quand j’étais petite ; l’histoire était racontée par une voix masculine et il y avait de la musique classique derrière. J’étais fascinée par ce conte car il me faisait peur, mais j’aimais ça. D’autres souvenirs également, surtout les chansons que me chantaient mes grands-parents et mes parents, et que je connaissais par cœur, comme Colchique dans les prés, ou des adaptations en français de classiques de country, par exemple. 
Quand as-tu commencé à écrire tes premières chansons et quel souvenir en gardes-tu?
Cela fait assez longtemps, puisque j’avais alors 11 ans ; j’ai écrit cette chanson après une peine qui m’avait beaucoup affectée. C’est à ce moment-là que j’ai compris que la musique pouvait me faire du bien, et m’aider à exprimer mes émotions. Cette chanson s’appelait If You Remember, les accords étaient simples, et j’avais écrit les paroles assez rapidement en salle de permanence, en 6ème ! J’en garde un bon souvenir, car c’était une grande découverte pour moi, et c’était le début d’une longue aventure.
En quelques années à peine, tu as gravi les étapes à vitesse grand V et certains te comparent déjà à Cat Power. Est-ce que ça ne te fait pas un peu peur?
J’ai toujours fait de la musique, mais je n’avais jamais vraiment prévu d’en faire mon métier, car je n’osais pas y penser – mais je rêvais parfois le soir, avant de m’endormir, que ça m’arriverait un jour peut-être. Par la suite, j’ai rencontré des gens qui ont voulu soutenir mon projet, m’aider à le développer. J’ai continué mes études en parallèle pendant cinq ans avant de me consacrer à la musique. Le fait qu’on me compare à Cat Power, par exemple, est évidemment extrêmement flatteur, mais aussi un peu gênant pour moi ; mon album n’est pas encore sorti, et Chan Marshall a déjà une carrière incroyable et plusieurs albums superbes ! Mais non, ça ne me fait pas vraiment peur, car je pense faire une musique différente, et parce que je joue simplement la musique que j’ai toujours eu envie de jouer. Les gens ont besoin de comparer les artistes entre eux, pour avoir des repères, surtout pour les jeunes artistes. Alors, je joue le jeu, et pour le moment je n’ai aucune raison de me plaindre !
J’ai été surpris, à l’écoute de ta musique, de t’entendre faire une reprise de Zappa. Pourquoi ce choix et pourquoi ce titre en particulier? (cela dit, au vu du clip, je te préfère quand même sans moustache!!!)
En effet ce n’est pas un titre très connu et les paroles sont plutôt osées ! Mais c’est une très vieille histoire. Nous écoutions un disque de Zappa dans la voiture quand nous allions au ski avec mes parents, quand j’étais enfant. Et on adorait cette chanson, ainsi que Joe’s Garage. Il y avait un côté ludique dans ces titres (dont je ne comprenais pas encore les paroles !) qui me plaisait énormément. Ensuite, je l’ai jouée lorsque j’ai commencé à faire de petits concerts solos dans des bars, quand j’avais 18 ans. C’était donc une évidence de l’enregistrer pour cet EP ! Ça m’a fait extrêmement plaisir de la jouer avec le groupe. J’ai voulu lui donner un côté plus dramatique que l’original, c’était ma vision de la chanson. C’est mon ami qui a filmé le clip, et je l’ai monté. Nous avons bien ri en le faisant ! La moustache a été achetée à la Fnac, pour ceux qui se poseraient la question !

Ton album Neverending sortira en avril prochain. Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie?
Je devrais dire que je suis hyper anxieuse, mais… j’ai surtout hâte qu’il sorte ! J’ai hâte que les gens puissent écouter ces 13 titres que nous avons enregistrés dans un petit studio au milieu des montagnes galloises, avec Rob Ellis et tout le groupe. L’EP n’était qu’un aperçu du projet, de mon univers. Bien sûr, j’ai un peu peur, car je vais vers l’inconnu. Mais je sais que j’aime cet album – et j’espère qu’il sera aimé par d’autres personnes également !

Le titre de l’album, Neverending, est-ce que c’est aussi une façon d’affirmer ta volonté de t’inscrire dans la durée?
Non, pas du tout ! C’est plutôt un pied-de-nez à la peur de la fin, à l’angoisse de voir les choses se terminer. Je fais de la musique car j’ai peur de tout cela. Et tout le monde veut laisser une trace de son passage sur Terre, c’est une façon d’accepter notre propre mortalité. Bien sûr, j’aimerais pouvoir faire de la musique le plus longtemps possible – j’ai l’impression de vivre pour ça, en fait. Mais nous verrons bien avec le temps, personne ne peut prévoir ce genre de choses !

Pour l’album, tu as travaillé avec Rob Ellis. Comment s’est passée la collaboration? Qu’as-tu appris de lui?
Je connaissais le travail de Rob Ellis avant de collaborer avec lui, et son goût pour la musique classique m’intéressait particulièrement, car j’en écoute beaucoup. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois avant l’enregistrement, et nous nous sommes très bien entendus dès le départ. Aujourd’hui, c’est comme un parrain pour moi. Il a cerné mes envies, mes attentes, mes goûts, ma personnalité, avec justesse. Il a été très respectueux vis-à-vis du travail que nous avions déjà fait avec les musiciens sur les morceaux. Il a en fait emmené les chansons plus loin, il m’a aidée à les affirmer davantage, à m’affirmer davantage même. Enregistrer cet album a été difficile pour moi, émotionnellement et nerveusement parlant, car c’était une étape importante. Mais Rob et les musiciens m’ont aidée à utiliser ces émotions d’une manière positive. Ce que je retiens de cette collaboration, c’est qu’il est essentiel de laisser une place à la magie. C’est ce que nous a dit Rob avant de partir au studio, et c’est une chose que je retiendrai toujours. Un enregistrement, c’est avant tout une alchimie, une magie qui opère. Nous espérions arriver à cela, et ça s’est produit dans le studio. Il faut dire que l’endroit était propice à ce genre de phénomène.
J’ai lu dans une de tes interviews que tu aimais prendre un verre de vin blanc avant de monter sur scène. Comme on est sur “J’ai tout lu, tout vu, tout bu…”, un blog sur lequel on parle aussi de vin, quel vin blanc nous conseillerais-tu?
Ah, j’aime tellement parler de vin dans les interviews ! J’ai un faible pour les vins blancs de Bourgogne. Mon préféré : le Chablis, suivi de près par le Petit Chablis, le Pouilly,… J’aime aussi beaucoup les bons crémants de Bourgogne, et le Vouvray et le champagne. Et je ne saurai refuser un petit verre de Prosecco…! Je m’arrête là ! 
 
 
Photo de Maëlle André

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