J’ai interviewé : You Won’t

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Lorsque j’écrivais, il y a quelques jours, une chronique sur le groupe américain You Won’t, Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.17 , je ne m’imaginais pas tomber sur un francophile convaincu. Retour en interview avec Josh Arnoudse, la moitié de You Won’t. Il est question entre autres de folkeux barbus, de clichés américains sur les Français, de déguisements et de crêpes dans le Quartier Latin…

Vous vous êtes rencontrés à la fin des années 90 et vous n’avez commencé à vous produire en tant que groupe qu’en 2010. Que s’est-il passé entre-temps?
Nous nous sommes rencontrés en faisant du théâtre au lycée, mais ensuite, nous sommes allés à l’université dans des États différents. Donc, pendant plusieurs années, nous avons entretenu une sorte de relation d’amitié longue-distance. Raky était à New-York alors que, moi, j’étais dans le Massachusetts. Malgré tout, nous avons réussi à collaborer sur un certain nombre de projets durant cette période, notamment une série de films expérimentaux étranges et terriblement ambitieux.

You Won’t, c’est pas un peu bizarre comme nom de groupe?
C’est plutôt inhabituel et ça se traduit difficilement dans une autre langue. J’aime bien ça. Pour les non-anglophones, ça peut se décrire comme une sorte de vanne que les idiots utilisent quand ils se défient de faire des trucs stupides (NDLR : en français, quelque chose comme “t’es pas cape”)

Votre musique est une sorte de folk-rock moderne. Quelles sont vos principales influences?
Récemment, j’ai été inspiré par Gillian Welch et un groupe de caroline du Nord appelé Bombadil (NDLR: j’ai écouté, c’est vraiment bien!). J’écoute aussi la radio Top 40 et j’essaie d’être assez lucide pour ne pas mordre aux hameçons cyniquement calculés. J’ai toujours eu un faible pour la pop mainstream.

Dans ma chronique, je comparais deux façons différentes de faire du folk: la façon traditionnelle avec les barbes, les chemises de bûcherons et un son qui ressemble à Crosby, Stills, Nash & Young; et une façon plus moderne qui consiste à mélanger le folk avec d’autres influences, comme vous le faites. Que pensez-vous des “revivalistes” folk comme Fleet Foxes? Ne sont-ils pas démodés?
Je ne pense pas que ce soit un problème de jouer de la musique de façon traditionnelle. D’un point de vue américain, notre culture manque, de bien des façons, de tradition. Il est important de transmettre quelque chose de génération en génération. Cela dit, je trouve ça vraiment bizarre de voir des musiciens branchés d’une vingtaine d’années porter des costumes du 19ème siècle et chanter des chansons sur les trains. Ça ne reflète pas leur propre expérience, donc ça sonne creux.
  
D’où vient l’intro de Three Car Garage?
D’un show radio imaginaire que j’ai créé avec mon ami DH quand j’avais une dizaine d’années. C’est moi qui crie et qui joue du clavier. DH fait les bruits de mitrailleuse.

Une bonne partie de vos paroles font référence à l’enfance, par exemple le titre Who knew. Êtes-vous nostalgique?

C’est un piège dans lequel il est facile de tomber quand on écrit des chansons tristes. Ça tire sur la corde sensible.
Une amie américaine m’a dit que le cliché pour représenter les Français aux  États-Unis, c’est le pull rayé blanc et noir et le béret. Donc je me vois contraint de te demander. Qu’est-il arrivé à mon  pauvre compatriote sur la pochette de votre album?
Nous avons créé cette pauvre créature pour un film que nous avons fait en 2004. J’ai toujours imaginé qu’il était Français. Quand je vivais à New-York, je me promenais souvent en ville avec ce costume et les gens proposaient de m’emmener à l’hôpital. Ils pensaient vraiment que je m’étais fait frapper.

Tu as vécu en France il y a quelques années. Quel souvenir en gardes-tu et envisagez-vous de venir jouer ici?
Quand j’avais 18 ans, j’ai vécu à Paris pendant à peu près 6 mois. C’était la première fois que j’étais loin de chez moi. Ça m’a plu mais j’étais très naïf et très seul la plupart du temps donc je ne pense pas que j’étais pleinement capable d’accepter tout ce que l’expérience avait à m’offrir. Quand je n’étais pas en train d’apprendre le français, je passais mes journées seul dans des petits cinémas et je me promenais autour du quartier latin à manger des crêpes et des paninis. Je faisais aussi des vidéos des trucs bizarres sur lesquels je tombais dans la rue. Je me souviens avoir été très étonné par l’accent qui est mis sur l’art et la culture. Il me semblait que la créativité était bien plus valorisée qu’aux États-Unis. J’ai bien aimé cet aspect. Paris a été aussi l’endroit où j’ai découvert les textos; c’est marrant de penser à ça maintenant. Depuis des années, je meurs d’envie de retourner en France mais je n’ai pas pu me le permettre. J’espère bien que ce projet m’y emmènera. C’est si rare d’avoir l’opportunité de parler français que j’écoute constamment autour de moi. Je peux reconnaître un francophone à 10 mètres juste aux mouvement de sa bouche. Je me surprends à espionner les conversations d’étrangers seulement pour entendre à nouveau la langue.

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