Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.2 : Zulu Winter

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“Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie”, affirmait le roi François Ier, qui, apparemment, s’y connaissait en femmes. Si la gymnastique intellectuelle de la gent féminine est souvent difficile à suivre, que dire de la presse musicale? Souvent prompte à encenser un jeune groupe à peine sorti de son œuf, elle gratte, gratte et regratte encore des quantités astronomiques de papier pour, quelques semaines plus tard, faire ses choux gras d’un autre groupe et laisser les premiers sombrer dans un oubli aussi profond que leur quart d’heure de gloire fût éphémère. Bien sûr, il y un côté défricheur chez tout journaliste musical. A peine a t-on découvert une terre inconnue aux paysages luxuriants qu’on se met en quête d’un autre eldorado. Ça fait partie du jeu. Au final, bien peu de groupes survivent à ce zapping bien huilé. Combien de musiciens présentés comme les nouveaux génies de la pop, les réinventeurs du rock ou encore les précurseurs d’une nouvelle ère musicale sont aujourd’hui copieusement boudés par ceux-là même qui les ont mis trop tôt sur un piédestal? Combien de groupes au talent discutable ont été largement surévalués parce que des journalistes peu inspirés et paniqués à l’idée de manquer le prochain phénomène les ont encensés en dépit du bon sens?

Je sais, je sais ce que vous allez me dire. Je dis tout ça dans un préambule qui n’en finit plus de s’étaler pour me jeter droit dans le piège journalistique que je dénonce. Je vous connais. Vous avez le regard acerbe et la critique facile. Vous auriez tort parce que ce quintette londonien au nom exotique, Zulu Winter est tout simplement trop bon, trop exigeant musicalement pour être oublié aussitôt consommé. Deux morceaux suffisent à se rendre compte à quel point ce groupe est intelligent, à quel point il sait mélanger avec exigence des influences multiples pour créer des chansons complexes hors des normes et des formats radiophoniques. S’il y a bien un groupe actuel capable d’échapper aux étiquettes des colleurs d’estampilles patentés, c’est bien Zulu Winter. 
A l’écoute de leur premier single, Never Leave, c’est l’été en hiver avec ces cinq zoulous-là. Du psychédélisme à la pop douce et rêveuse, du chant choral aux boucles synthétiques, rien n’arrête Zulu Winter. Never Leave a quelque chose de paradoxal et d’irrésistiblement attirant. C’est à la fois une sorte de patchwork musical mais, sans trop qu’on comprenne bien comment, il se dégage de ce morceau protéiforme une véritable unité et une singularité incontestable. Quant à la face B, si tant est qu’on écoute encore des disques à double face, Let’s Move Back to Front, plus directe, plus accessible, elle nous emmène en aller simple vers un univers aérien dans lequel la voix de falsetto de Will Daunt illumine une mélodie planante et onirique minutieusement travaillée.
Si vous ne me croyez pas sur parole, enclenchez le morceau en écoute et vous comprendrez que Zulu Winter atteindra bientôt les hautes sphères du monde de la musique indé. Il ne peut pas en être autrement tant ces cinq garçons sont bourrés de talent.

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