Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.58 : Coastal Cities

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Ami lecteur, je suis en vacances. Dès demain, je m’envole – enfin, façon de parler, puisque je pars en voiture – vers d’autres cieux, plus cléments, te laissant, pour une petite semaine, orphelin de ta dose de moins en moins quotidienne de chroniques avisées, pertinentes et remarquablement écrites. Non, ne fais pas ta mauvaise tête, ne sois pas aigri ou dépité. Je te réserve encore quelques belles surprises dans les heures qui viennent. Et puis, ce repos, sache que je l’ai gagné à la sueur de mon front et au péril de ma santé mentale. Tu n’ignores pas que mon activité professionnelle m’amène à entretenir des contacts assidus avec la jeunesse de notre douce France. A de rares exceptions près, le constat est préoccupant. Les adolescents d’aujourd’hui sont amorphes, incultes, ne s’intéressent à rien, n’ont donc rien à dire qui vaille la peine d’être écouté, n’ont aucune imagination, aucune motivation, aucune vision du futur. De deux choses l’une : soit j’ai raison et alors, on est vraiment dans la panade, soit je suis déjà un vieux con et ça craint pour moi. En Angleterre, quand ils s’emmerdent, les jeunes font de la musique, créent des groupes de rock et, en plus, ils sont très bons. On pourrait en citer des exemples à n’en plus finir. Certes, tous ne méritent pas de figurer dans un manuel d’histoire de la musique. Mais certains, à défaut d’être révolutionnaires, sont tout de même irrésistibles. La presse rock britannique a le chic pour nous pondre un nouveau phénomène chaque semaine. Certains durent, d’autres disparaissent, victimes d’une inévitable sélection naturelle. Difficile de prédire quel sera l’avenir de Coastal Cities. Pourtant, cette joyeuse bande de teenagers s’annonce aujourd’hui comme l’une des figures de proue de la nouvelle génération.
Souviens-toi, lecteur, de tes années de lycée. “On a tous dans le cœur une petite fille oubliée”, comme le dit si bien Laurent Voulzy. Celle qu’on aurait tellement voulu embrasser sangsuellement à la sortie des cours ou peloter frénétiquement dans le car de ramassage scolaire. La première histoire d’amour, c’est celle qui durera toujours mais qui ne commence jamais parce qu’on a des lunettes en culs de bouteille, du fil de fer sur les dents ou une trombine qui ressemble à la TI-92. Parce que celle qu’on aime en secret se fout de notre gueule et embrasse un sportif décérébré à la récré. Enfin, comme dit l’autre, la masturbation, ça fait travailler l’imagination. Il y a aussi les premières gorgées d’alcool dégueulasse sur le parking du supermarché, les profs sympas, les profs aigris qui vous balancent des heures de colle pour trois fois rien. Je ne sais pas ce qu’avaient fait Declan, Sean et Lewis pour se retrouver en retenue par cette belle journée de l’été 2009 mais, une chose est sûre, c’est qu’ils peuvent remercier leurs profs vachards de les avoir réunis au même endroit au même moment et d’avoir ainsi pu partager leur goût commun pour la musique. Petite cause, grands effets. Il aura suffi d’un heure de colle pour leur donner l’envie de monter un groupe. Après quelques répétitions dans l’abri de jardin du père de Lewis et le recrutement de deux autres musiciens (Dan et William), Coastal Cities était né. Prenant le contrepied de la scène punk hardcore locale, le quintette va plutôt chercher son inspiration chez les Smiths, Joy Division, la New Wave des années 80, avec une volonté marquée à la fois de s’adresser aux gens comme eux et de les faire danser. Au petit jeu des comparaisons, on sent une nette influence des Foals sur le son de Coastal Cities. Alors que le groupe d’Oxford a annoncé sa séparation après la sortie de leur troisième album, les cinq gamins du Buckinghamshire semblent prêts à assumer la relève. Son aérien, énergique, incisif, voix bien posée, à la limite de l’arrogance, ces gamins sont déconcertants de facilité. Leur premier EP, Think Tank ne leur vaudra peut-être pas la palme de l’originalité mais il est en revanche d’une efficacité contre laquelle on ne peut tout simplement pas lutter. La preuve en musique…

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