Les trésors cachés – Ep.15 : The Title Sequence – Stills

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Quand j’étais jeune étudiant en école de commerce, on m’a dit que, pour réussir, il fallait que je devienne un “winner”. J’étais un agneau, je devais devenir un loup. Montrer les crocs, bomber le torse, hurler avec la meute.

Heureusement, la transformation a échoué. J’avais trop de sensibilité, trop de goût pour ce qui est beau pour rentrer dans le moule et me fondre dans la masse. Pour la première fois de ma vie, je me suis mis dans une position de paria, d’intouchable. J’étais tellement de gauche et ils étaient tellement sûrs d’avoir raison, les imbéciles heureux de père en fils, arborant leurs dynasties de réussite comme des trophées.
J’ai toujours eu un faible pour ce qui est fragile, fêlé, pour ce qui ne marche jamais du premier coup. Je trouve qu’il n’y a de poésie que dans l’échec. Je suis du côté des sans-grades, de ceux qui ne font pas de bruit et dont on ne parle pas. 
La pop teintée de nostalgie du duo londonien The Title Sequence est le genre de musique qui entre chez vous sur la pointe des pieds. Discrètement, sans faire d’esclandre, elle vient se loger dans la part de votre cerveau qui régit la sensibilité. Vous l’écoutez une fois, puis deux, puis trois et, sans autre forme de procès, vous découvrez que vous êtes devenu accro.
Il y a, chez The Title Sequence, une forme rare de modestie. Leurs chansons parlent de petits événements du quotidien, de situations banales en apparence. Mais, au prix d’un songwriting de haute voltige, David Bailey et Nick Crofts extirpent la richesse de ce qui, à des yeux moins exercés, pourrait sembler insignifiant. Un voyage en train, une histoire d’amour mort-née se transforment en charmantes pépites pop, chargées de douce mélancolie.
Stills n’est peut-être pas le genre de disque qui enverra ses auteurs au sommet des charts. Mais c’est un album qui respire l’honnêteté et la sensibilité et qui creuse son sillon sans jamais se montrer répétitif ni ennuyeux.  En ce beau dimanche de fin d’année, je regarde le soleil se coucher derrière la baie vitrée, et la magie opère.
“A sound can begin take you in then resound within your soul”, disent les paroles de Sound, le morceau qui ouvre l’album. Je n’aurais pas dit mieux…



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