Où il est question du coup de sifflet final, des deux bouts de la chandelle, du toit du monde et d’un ange gardien…
Il paraît qu’on n’a qu’une vie, qu’elle est belle, et qu’il ne faut pas la gâcher. Il paraît qu’on n’en connaît jamais l’issue avant le coup de sifflet final. Il paraît qu’un jour, tout s’arrête et, qu’on ait trop vécu ou trop peu, on se retrouve tous dans le même bateau. Il paraît…
Il paraît qu’à Goa, Joseph Manuel Da Rocha faisait le guide touristique pour quelques roupies. Pas vraiment la gueule de l’emploi, si vous voulez mon avis. Avec sa moustache, son regard cabossé et sa voix éraillée, combien de vies a-t-il vécues ? Personne ne le sait…
Mais apparemment, il lui en restait encore au moins une à vivre. La plus belle, peut-être. En 2007, quand le guitariste lyonnais, Cédric de la Chapelle, croise Joseph, il est rapidement séduit par le personnage. Il faut dire que le vieil homme en a vu de toutes les couleurs, qu’il écrit remarquablement bien et sa voix… Joseph croone sous l’émotion, devient Slow Joe, et Cédric devient son ange gardien, offrant à son protégé un nouveau répertoire et une séance de prolongations.
Lost For Love, le deuxième album de Slow Joe & The Ginger Accident, ne laisse pas passer sa deuxième chance. Slow Joe y apparaît plus jeune (d’esprit), plus libre et plus intense que jamais. Qu’on ne lui dise pas ce qu’il a à faire (You Don’t Have to Tell Me), il trace son sillon avec détermination, recul et auto-dérision. Noyé mille fois mais revenu de tout, mille fois sauvé des eaux, avec sa voix qui a tant vécu, Slow Joe est de la race des losers magnifiques dont on écoute les histoires sans lassitude.
