Made in France : Johnny Hallyday – De l’amour

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Où il est question de mes yeux rougis, des sirènes du monde, de liberté chérie et de l’amour…

J’entrouvre les volets et la nuit se dissipe mollement. Les yeux rougis, j’ose à peine y croire mais le jour se lève encore, le jour d’après. En bas, les enfants jouent et crient, à l’abri des sirènes du monde. Je cherche en moi la force de leur sourire. Après tout, la vie continue, le jour d’après. Liberté, liberté chérie, combats avec tes défenseurs.

Dehors, le ciel est gris foncé, les arbres sont des squelettes et les routes ne savent plus vraiment où elles mènent. Sous mon crâne, la tempête et des tonnes de pourquoi qui restent sans réponse. Je m’autorise à être triste mais je refuse d’abdiquer. Aujourd’hui, c’est déjà demain et il faudra bien qu’on rit, qu’on chante, qu’on boive et qu’on baise. Qu’ils aillent se faire foutre en enfer, ceux qui voudraient nous en empêcher. Épouvantail, tu ne nous fais pas peur. Vermine, on aura ta peau. Liberté, liberté chérie, combats avec tes défenseurs.

Ce matin, j’ai la gueule de bois mais j’ai aussi une folle envie d’aimer. Je suis Cédric, je suis Charlie, je suis Paris. Et, d’habitude, je suis Johnny de loin, comme un obscur grand-oncle qu’on ne croise qu’aux mariages et aux enterrements. Mais, aujourd’hui, même si j’ai du mal à me faire à l’idée, je suis Johnny.

Le hasard n’en fait qu’à sa tête. Il a voulu que Johnny Hallyday sorte son cinquantième album, le même jour où des fous furieux sortaient leurs armes en plein Paris. Johnny, qu’on le veuille ou non, c’est une certaine image de la France et quand l’icône propose De l’amour au moment où on en a le plus besoin, forcément, on tend l’oreille.

Exit la variétoche boursouflée, c’est un Johnny plus ténébreux que de coutume qui se dévoile ici. Ambiances blues-rock subtilement posées, guitares acoustiques sobres et élégantes, harmonicas plaintifs, grains de poussière sur les santiags, l’ex-idole des jeunes sonne comme un cowboy au soleil couchant, fatigué, revenu de tout (ou presque) et droit dans ses bottes.

Comme un John Wayne au crépuscule de sa carrière, Johnny, apaisé et sans effets de manche, se rapproche un peu plus de l’émotion véritable, bien aidé en cela par un Yodelice inspiré à la barre et par des auteurs qui captent dans un même mouvement l’humeur du temps et l’essence de Johnny. De l’amour, beaucoup, et il en faudra, mais aussi des incursions sur des thèmes d’actualité comme les migrants, les violences policières. Et cette question qui clôt le disque et résonne étrangement en ces heures sombres : “que reste-t-il de ce dimanche de janvier ?”.

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