Où il est question de compter les étoiles, de se mettre minable, de refaire l’amour et de se brûler jusqu’à la déchirure…

Encore une soirée qui s’envole en fumée. Les corps s’enlisent, s’enlacent, ne pensent plus à rien. Dernier verre. Dernière cigarette. Au loin, la musique se meurt et moi, je compte les étoiles au plafond. Pour oublier que tu n’es pas là, je me suis mis minable, encore une fois. Et maintenant que la fête est finie, je ne veux pas dormir. Je préfère rester là, entre la nuit et le jour.

Sans toi, les jours n’ont plus d’importance. Le temps passe lentement. Donne-moi encore une étincelle, une flamme. Je n’attends qu’un geste, un signal pour me consumer à nouveau. Je redeviendrai adolescent. Je te referai l’amour pour la première fois, mon amour. Et on sera beaux tous les deux. On se brûlera jusqu’à l’égratignure, jusqu’à la déchirure. Love etc…

C’est dans cet état d’entre-deux entre la nuit et le jour d’après que j’ai croisé la route de Nancy Boy. Il portait sa mélancolie douce en bandoulière. Je marchais, le regard dans le vague. J’ai entendu sa voix androgyne naviguer sur une mer calme à peu agitée. Impossible de résister à l’intime évidence qui en émane.

Nancy Boy, c’est la voix de ceux qui ne font pas semblant, de ceux qui ne badinent pas avec l’amour. Sa force, c’est cette fragilité qu’il porte en étendard, une sensibilité peu commune dans la pop en français, entre ivresse amoureuse et lendemains nostalgiques. Un contraste thermique qui, musicalement, se manifeste par l’entrelacs entre sonorités organiques et boîtes à rythme.

Porté par des sentiments qui, à la fois, le grandissent et le dépassent, Nancy Boy a le charme poétique de ceux qui poursuivent un idéal inaccessible, de ceux qui ne relèguent pas leurs rêves au vestiaire à la première contrariété. C’est sans doute ce qui le rend si précieux.