J’ai entendu : Mercury Rev – The Light in You

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Où il est question de libellule en jetlag, de comment on fait les bébés, de petits anges tout nus et de fans de Motörhead…

Je regarde ma fille qui papillonne autour de moi. Sa robe de princesse de dessin animé virevolte comme une libellule en jetlag. Elle a deux ans. Dans ses yeux limpides, le contraire de la lumière n’existe pas encore. Un jour, il faudra que je lui dise, mais il n’est pas encore temps.

Je lui dirai la vie et la mort, l’amour et la haine. Je lui dirai le travail, le chômage, les petits chefs, les grandes humiliations. Je lui dirai les rêves d’enfance et les illusions perdues, les petits arrangements qui deviennent grands écarts. Je lui dirai la vérité sur le prince charmant, comment j’ai rencontré sa mère et comment on fait les bébés. Je lui dirai que je ne suis pas toujours un héros.

Je lui dirai tout ça mais, pour le moment, elle est occupée. Elle danse. Elle tournoie comme un vinyle sur la platine et, quand je la regarde, tout autour d’elle, je vois de la musique. Alors, j’oublie tout ce que je sais, tout ce qu’on m’a appris et, en l’espace de quelques secondes, j’ai deux ans moi aussi. Je déploie mon grand corps d’adulte, je me mets à gesticuler comme un enfant et tout redevient possible. Comme si une petite fée avait rallumé la lumière en moi.

Mercury Rev

Après avoir offert au monde quelques disques de haute volée, dont l’inégalable Deserter’s Songs à la fin des années 90, les Américains de Mercury Rev avaient entamé une lente descente aux enfers, sombrant d’abord dans la caricature puis dans l’oubli. Même leurs plus fidèles zélateurs avaient fini par déserter. Éteints, finis, fermés pour cause d’inspiration tarie, c’est ainsi qu’on imaginait les Mercury Rev. Sept ans après leur derniers soubresauts, les voilà de retour avec The Light in You et, finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle.

The Light in You, c’est un peu d’éclat retrouvé pour un groupe qui valait décidément mieux que ses dernières productions. Tout n’est pas parfait. Certains morceaux (Are You Ready?) sont même carrément gênants, mais qu’importe. Oui, Mercury Rev a un côté Bisounours. Les mecs sont du genre à vous foutre des cygnes, des tournesols, des licornes et des petits anges tout nus à toutes les sauces. Ça ne séduira pas les amateurs de Motörhead mais, pour ceux qui, comme moi, aimeraient croire encore un peu aux contes de fées, ça fonctionne bien. A nouveau, Donahue et Mackowiak démontrent qu’ils n’ont pas leurs pareils pour vous emmener entre la nuit et l’aube, à l’heure où rêve et réalité se confondent. C’est dans ces ambiances songeuses que ces grands enfants excellent. Pour le reste, ils repasseront. Mais, rien que pour ça – une bonne grosse moitié de l’album – The Light in You vaut vraiment le détour.

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