J’ai entendu : Stephen Jones – End Of Another Weird Year

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L’ascète lo-fi Stephen Jones livre, pour la fin d’année 2015, sa bande originale des douze derniers mois. Mélancolique, malicieux et indispensable…

2015 se meurt en hiver. On se rue, petite foule d’habitude amorphe, vers les grands magasins. Bientôt, nous noierons nos névroses dans des plats et des boissons hors de prix, nous enterrerons nos enfants sous des piles des cadeaux. Et puis, une semaine plus tard, nous remettrons le couvert. Nous jetterons 2015 par la fenêtre et 2016 entrera par la porte.

On se claquera la bise. On se dira “Bonne Année”. Espérons que l’on soit assez cons ou assez saouls pour y croire, ne serait-ce qu’un instant. Ce serait beau, une bonne année, pour une fois. Ça nous changerait de ces années merdiques où tout fout le camp. Une année où, pour une fois, la beauté l’emporterait sur la laideur, l’intelligence sur la bêtise, Guingamp sur le PSG, la poésie sur la finance.

Mais les années se suivent et l’enfant qu’on était s’éloigne encore un peu plus. A quoi ressemblera la bande originale de 2016 ? Je n’en sais rien. Mais celle de 2015, Stephen Jones l’a déjà écrite. Elle s’appelle End Of Another Weird Year.

Le nom de Stephen Jones ne vous dit peut-être rien. Pourtant, il est certainement l’un des musiciens indépendants les plus prolifiques. En 20 ans de carrière, il a sorti, sous son nom propre ou sous divers pseudonymes, des dizaines d’albums, parfois même au rythme hallucinant de deux par mois. Parce qu’il ne sait rien faire d’autre, peut-être. Parce que la musique, c’est sa vie. Et puis aussi un peu parce que c’est le meilleur moyen qu’il ait trouvé pour vivre, tant bien que mal, de sa musique.

Alors, quand ses enfants sont à l’école, Stephen s’enferme dans sa chambre et crée de la musique, inlassablement. Et c’est beau comme seuls les outsiders peuvent être beaux. Un peu désabusée, un peu nostalgique, toujours rêveuses et inexorablement classieuse, la pop de l’Anglais ressemble à ce ciel qu’il ne doit pas voir souvent. Des nuages moutonneux que transpercent des éclaircies bienvenues.

Son plus récent album, End Of Another Weird Year ne déroge pas à la règle. Il est à la fois à la marge et terriblement accessible. A la marge parce que Jones continue de tracer son sillon en dehors de l’industrie musicale. Sans amertume, prétend-il, mais avec cette douce mélancolie, un peu enfantine, qui lui donne un regard inédit sur le monde. Tout au long de l’année, il a réuni ses pensées (dans un carnet ?) et, maintenant, il les partage sous la forme d’une bande-son (sa bande-son) de 2015. Il est comme ça, Stephen. Généreux. A chaque mois sa chanson. De janvier à décembre, douze petites pépites de pop lo-fi malicieuses, spirituelles et finement ciselées qui parlent de l’amour, de la réalité et des moyens de s’en échapper. Une bonne raison de ne pas (encore) jeter 2015 aux oubliettes.

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