Toute ma jeunesse : Miossec – 1964

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1964, un album de Christophe Miossec à redécouvrir ?

L’un des avantages des déménagements, c’est qu’en s’installant dans un nouvel endroit, on  retrouve, en fouillant dans les cartons, des traces d’un passé qu’on avait enfoui sous quelques tranches de vie. La trentaine bedonnante, j’avais laissé derrière moi les tourments de l’adolescence et son cortège d’amours déçues, j’avais laissé derrière moi ces nuits alcoolisées à écouter les albums de Miossec en pleurant à cause d’une qui ne m’aimait pas, d’une qui ne m’aimait plus. Miossec, c’était, pensais-je, un vestige de mon adolescence, et les albums Boire et Baiser me rappelaient trop l’odeur de cendriers pleins et le goût du mauvais vin.

Et puis, je suis tombé, il y a quelques jours, sur cet album : 1964. A sa sortie en 2004, je m’attardais encore dans l’adolescence. J’avais, bien sûr, en inconditionnel du finistérien, acheté l’album, mais, déçu de ne pas y retrouver la fougue de ses disques précédents, j’avais vite laissé l’objet prendre la poussière dans mes étagères à CD et être remplacé par des plus beaux, des plus jeunes que lui. C’est que 1964 ne se laisse pas apprivoiser si facilement.

Moins immédiat, moins évident que ses prédécesseurs,1964 laisse une place plus importante à la musicalité. Les mots se font plus rares, les textes sont plus épurés mais les arrangements symphoniques de Joseph Racaille donnent une profondeur supplémentaire à la mélancolie de Miossec. Le breton n’a rien perdu de ses qualités d’auteur mais les paroles sonnent moins comme des coups de poing dans la gueule, moins comme des vomissements de lendemain de cuite. A 40 ans, Miossec livre un disque plus mature. Il est moins dans l’émotion brute mais davantage dans la réflexion. Touché de plein fouet par la crise de la quarantaine, il se retourne sur son passé et en dresse un bilan sans concessions. Je m’en vais, la chanson d’ouverture, témoigne de cette volonté d’un nouveau départ, loin des échecs et des déceptions du passé. De cette jeunesse, au fond, il ne reste que des lieux (Brest) ou des prénoms (Rose) mais malgré tout, il faut essayer (Essayons) de construire quelque chose de nouveau (Rester en vie).

1964 est peut-être l’album le plus exigeant de son auteur mais sans doute aussi celui qui recèle le plus de trésors. Un chef-d’œuvre à (re)découvrir.

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