J’ai interviewé : Tristen (Interview “J’ai bu”)

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J’ai tout lu, tout vu, tout bu et c’est donc tout bourré que je décidai d’interviewer Sébastien, alias Tristen, qui m’avait récemment emporté avec ses chants de Mars. Voici donc l’interview “J’ai bu” de Tristen. Et, à mon avis, lui aussi, il avait bu. Enfin, je dis ça…

Sébastien, pourquoi avoir attendu septembre pour sortir un album qui parle de Mars ?
Mais parce que je suis un gros rebelle to the society. Et, plus sérieusement, parce qu’en fait il s’agit du dieu romain Mars et non du mois de Mars. Je remarque que tu as évité les questions “Pourquoi ce choix étrange de dédier un album à une barre chocolatée ?”, “Pourquoi Mars et pourquoi pas Twix ou Balisto, est ce un parti pris artistique ?”
Pourquoi invoquer un dieu de la guerre pour se prendre un lustre dans la gueule dès la deuxième chanson ?
Mars est le dieu de la guerre et de la fertilité des cultures, pas le dieu de l’évitement des lustres. Mars est Grand, mais Il a Ses limites. A cause de cette question impie et pour éviter toute colère de Lui, je vais encore devoir sacrifier un poulet à la tombée de la nuit.
Et sinon, Sébastien, Tristen, c’est pas ton vrai nom ?
Pour des raisons évidentes touchant à la sécurité nationale, je ne peux évidemment pas répondre à la question… Par contre, je peux te révéler que le cheval blanc d’Henri IV n’était pas un cheval mais en fait un gnou recherché pour recel de roi de France.
Tes influences sont très larges. “Tortoise, Mike Patton et Véronique Sanson”, voilà ce que j’ai lu. Selon toi, quelle chanson de Véronique Sanson Mike Patton devrait-il reprendre en priorité ?
Je crois que Amoureuse à la sauce Fantômas ou MrBungle serait du meilleur goût ! Mais c’est vrai que ce genre de grand écart n’apparaît comme tel qu’en apparence. Personne n’est monolithique dans ses goûts, enfin j’espère ! J’ai pu écouter de la musique andine ou du death métal, selon les périodes de ma vie ou les rencontres. Je ne cherche pas à avoir une posture de gars ouvert à tout, ce que je ne suis évidemment pas, je cherche juste à m’intéresser quand je peux ; et des fois on se fait happer… on m’aurait dit il y a 5 ans que LE disque que j’emporterais sur une île déserte serait Hymne au Soleil des Frères Belmondo, je ne l’aurais pas cru. Que j’aime ce disque…
Après c’est pas ça qui me fait faire une espèce de musique fusion world gloubi boulga pour caser toutes ces influences à tout prix, je crois quand même être centré avec Tristen sur de la pop.
Tu as eu le temps de t’impliquer davantage dans l’écriture. C’est parce que c’est Bénédicte qui change les couches ?
Haha, je ne vais même pas m’abaisser à démentir et contrer cette vile insinuation quant à mes capacités pour langer bébé, et je préfère me draper dans ma dignité de papa !
Pour te répondre néanmoins sur l’écriture, plus qu’une histoire de temps, c’est une histoire de confiance en moi que j’apprends à développer au fur et à mesure des textes que je tente d’écrire. Je considère les mots comme des sons et j’aime que ces sons racontent leur propre histoire. Qui est le plus fort ? Le signifiant ou le signifié ? Approche un peu psychanalytique puisque des mots en évoquent d’autres et cette chaîne de signifiants finit par constituer une chanson, chanson qui m’est cohérente. Ça permet à l’auditeur de voir ses propres images et de laisser son imagination à l’œuvre. J’ai essayé de faire cela dans L’attraction des corps par exemple, et je vais me concentrer sur cette façon d’écrire pour le 3ème album .
T’en as, des potes qui ont mis la main à la pâte… Tu dois être vachement sympa quand même ?
Sympa ou vachement persuasif. Ou les deux. Justement par rapport à ce que je disais précédemment, j’ai encore du mal avec l’écriture donc c’est vrai que j’apprécie l’aide des autres. Je remercie mes amis auteurs, car pour certains (Julien, François, Christophe, Gaspard, Bénédicte) cela a du être frustrant : j’ai parfois complètement changé leur texte initial, ne gardant que certains mots. J ’ai aussi fait participer séparément jusqu’à 4 auteurs sur une chanson pour obtenir ce que j’avais en tête. Le truc c’est que j’avais besoin sur certaines chansons d’un point de départ et qu’ils m’ont aidé à démarrer. Leurs mots ont inspiré une musique et ensuite j’ai pu patchworkiser leur apport et finalement construire une chanson qui me ressemblait. Pour eux, le calcul des droits d’auteur a été complexe ! Pour d’autres (Yann, Charlotte, Pacôme), le texte est resté tel quel ou quasi ! Pour Yann de feu Porco Rosso par exemple, le texte existait déjà (Les boîtes aux lettres). Il (ainsi que Benoit, co-compositeur) a accepté que je chante la chanson et sutout que je la réadapte pour l’album. Au niveau composition et arrangements, j’ai aussi reçu l’aide préciseuse de mes amis Dominique (qui m’accompagne d’ailleurs sur scène) et Loïc. J’en profite pour remercier Fabrice Ravel Chapuis qui est mon éditeur depuis deux albums, ça fait du bien d’être épaulé par quelqu’un comme lui.
Et puis comme tu me ressers un verre, je porte un toast à Claude Berri, qui n’a rien fait sur l’album, sûrement parce qu’il est mort depuis 4 ans d’ailleurs, mais que tout le monde remercie et je veux tout faire bien comme dans le showbises!

Et sinon, je sais que ça te fait plaisir. Un mot sur Abbacadabra et Plastic Bertrand ?

Imaginez le grand Plastic chanter sur l’air de Money Money Money “Mon nez, mon nez, mon nez, qu’est c’qu’il a mon nez ?” Bon sang, et j’ai même pas honte d’avoir adoré ça ! Alors que par exemple j’ai honte d’avoir acheté ce Star Club en avril 1992 pour avoir les paroles d’une chanson de Mylène Farmer sur papier glacé. Mince je l’ai dit… vous couperez ça au montage hein ? (NDLR : non, tu viens juste de ruiner ton e-réputation, Sébastien). Quand j‘étais enfant, j’écoutais religieusement cette comédie musicale Abbacadabra et j’étais amoureux d’Anni Frid Lyngstad qui y chantait avec Daniel Balavoine. Quand ado j’ai entendu une chanson d’Abba à la radio je me suis dit “c’est qui ces débiles qui reprennent Abbacadabra en anglais ?” Comprenant les raisons de ma méprise, je me suis pris d’une passion inconsidérée pour Abba. J’en viens même à me dire que si Abba avait eu la prod d’Arcade Fire ou de Portishead, ils auraient été LE groupe ultime ! Je revendique Abba autant que Tortoise ou Mike Patton qui sont des découvertes d’adulte… car un truc qu’on a entendu et aimé dans son enfance, c’est dans les tripes que ça se joue. Parlez donc d’Anne Sylvestre ou Yves Duteil à certains, vous verrez les larmes qui pointent. C’est pour ça que je fais attention à faire écouter plein de choses à mon fils, pour qu’il s’imprègne et ait un vécu musical qu’il pourra se remémorer plus tard.
J’ai appris que tu avais une formation en maths. Alors, dis-moi, ce serait quoi l’équation parfaite en musique en 2013 ?
Abbarcade Fire ! d’ailleurs, je remarque que dans leur dernier album The Suburbs, Arcade Fire lorgne sérieux du côté de Blondie et… Abba pour le traitement des chœurs !

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