Je ne prétends pas être un gourou des tendances musicales. Quand bien même la perspective de vivre entouré de femmes lascives, exclusivement dévouées à la satisfaction de mes mâles appétits, n’aurait rien de déplaisant, ma naturelle modestie souffrirait trop d’un culte de la personnalité exacerbé. Nul besoin cependant d’être gourou pour comprendre qu’on assiste, depuis quelques temps, à un renouveau de la soul. Je l’évoquais récemment dans une chronique sur Charles Bradley. En ces temps incertains à tous points de vue, la soul apparaît comme un refuge de sincérité et d’honnêteté, une musique sans artifice livrée par des artistes capables de mettre leurs tripes à vif. Ce retour aux sources s’accompagne aussi de tentatives pour mixer la soul avec d’autres styles musicaux: pop, rock, électro…Tentatives atteignant, pour nos organes auditifs, des degrés de cruauté variés, Various Cruelties étant certainement l’une des plus raffinées.
Various Cruelties, c’est un peu le raz-de-marée qui pourrait bien tout emporter sur son passage en 2012. En un peu plus d’un an d’existence, le groupe formé autour de Liam O’Donnell s’est bâti une solide réputation sur scène et en studio. Il faut dire que leur carrière a décollé à vitesse grand V. Pour leur premier concert, ils partageaient l’affiche avec The Vaccines. Ils ont ensuite joué avec des groupes comme Noah and the Whale, Villagers ou, plus récemment, Kasabian. Belle carte de visite alors que, quelques mois plus tôt, O’Donnell quittait Leeds pour Londres et composait et enregistrait des chansons tout seul dans son coin. Lorsqu’il a convaincu ses nouveaux acolytes de rejoindre l’aventure, aucun d’entre eux n’imaginait que tout irait aussi vite. Avec seulement quelques morceaux disponibles sur le Net et un album prévu pour avril prochain, Various Cruelties apparait comme l’une des futures pépites de la scène britannique. Si leur succès fulgurant en agace visiblement plus d’un, à en croire les chroniques qu’on peut lire ci et là dans la presse musicale britannique, tout le monde s’accorde à leur prédire un avenir radieux.
Il faut dire que O’Donnell et sa bande ont plus d’un tour dans leur sac et, en premier lieu, un sens mélodique hors du commun. Voilà presque une semaine que je m’écoute en boucle les morceaux disponibles sur leur page Facebook. Il y a quelque chose de purement irrésistible dans ce mélange d’influences soul et indé, qui n’est pas sans rappeler un groupe largement sous-estimé des années 80, Dexys Midnight Runners, que je vous invite au passage à (re)découvrir. Various Cruelties a le mérite d’offrir un son unique en ce moment sans pour autant réinventer la roue. Revendiquant des influences aussi variées qu’Etta james, Arcade Fire, les disques de la Motown ou encore Arctic Monkeys, ces quatre-là n’ont pas fini de faire parler d’eux. Leur album, produit par Tony Hoffer (Beck, Goldfrapp et, dans un probable moment d’égarement, Foster The People) sort dans quelques mois et devrait, selon O’Donnell, réserver quelques surprises avec des titres plus sombres que leurs premiers singles. J’ai hâte d’entendre le résultat mais, à mon avis, Various Cruelties ne devrait pas tarder à conquérir aussi ce côté-ci de la Manche.