J’ai entendu : Beirut – The Rip Tide

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Un nouvel album de Beirut, c’est toujours une émotion, un parfum particulier. Je me souviens encore la claque reçue il y a quelques années lors de leur passage à la Laiterie. Une dizaine de musiciens sur scène qui improvisent sur les compositions de Zach Condon. Une montée tout en cuivres qui n’en finit plus, une invitation à sillonner la vieille Europe avec pour seuls bagages un instrument de musique et une bonne bouteille de vin. Voilà ce qu’évoque pour moi la musique de Beirut. Un long voyage, des rencontres, des musiciens qui se rencontrent dans une taverne à la tombée de la nuit. On boit, on rit, on chante, on vit.
Après un premier album, Gulag Orkestar, qui nous emmenait en Europe de l’est, Condon et ses acolytes nous ont convié avec The Flying Club Cup à une escale dans le Paris des années 50. Deux albums gigantesques tant les cuivres magnifiaient les compositions fragiles de Zach Condon, jeune américain qui nous livrait sa vision très personnelle d’une Europe fantasmée. Le très inégal double album March of The Zapotec and the realpeople Holland témoignait d’un certaine schizophrénie du jeune prodige, désireux d’une part de poursuivre son exploration musicale universelle, et s’orientant sur le deuxième disque vers des sons plus électro à mon sens indignes de son talent. Le passage de la fanfare instrumentale aux sons synthétiques semblait alors le pire des choix possibles pour Zach Condon. 
A l’écoute de The Rip Tide, on ne peut que se réjouir que Condon et sa bande aient fait le choix d’un retour aux sources. Dès les premières mesures, on retrouve en effet le son si particulier qui nous avait fait tant aimer Beirut. Toutefois, The Rip Tide, sans rien révolutionner, marque une évolution non négligeable. Comme l’atteste par exemple le morceau Santa Fe, Zach Condon a su tenir compte de ses aspirations électroniques passées mais sans nous les jeter crument à la face. Si l’on entend des sons de synthé, ils doivent partager la vedette avec les cuivres, présents sur chacun des morceaux mais plus discrets, plus aérés que sur les deux premiers albums. Ainsi, on a moins l’impression d’être dans l’exercice de style. L’ensemble a quelque chose de plus intime. Il semble que Zach Condon soit moins dans l’exploration mais davantage dans l’introspection.  
En bref, un excellent album qui ravira les fans de la première heure et qui, grâce à des sonorités plus pop devrait aussi permettre à Beirut de toucher un public plus large. A écouter sans modération…

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