Élégant, sincère, porté par le chant charismatique de Wes Leavins, le premier album de Brigitte Calls Me Baby défie le temps et ne devrait pas laisser Brigitte insensible.
Quand je serai grand, je serai chanteur ou… Président de la République
Brigitte m’appelle « Bébé » et je ne sais pas pourquoi elle continue à m’appeler comme ça. C’est vrai qu’on n’a pas le même âge, elle et moi, mais j’en ai marre qu’elle m’infantilise. Je ne veux plus être son bébé.
Le soir, dans mon lit, je me fais des films dans ma tête où, quand je serai grand, je suis chanteur dans un groupe de rock ou Président de la République. Je veux qu’on vote pour moi, je veux que des groupies s’arrachent mes chemises. Sous les projecteurs, je veux être celui que je suis vraiment, pas ce pantin de chair et d’états d’âme qu’elle a fait de moi.
Brigitte, ça ne lui plaît pas quand je dis des choses comme ça. La dernière fois, en sortant de l’avion, elle a fait une scène et elle m’a giflé parce que je l’avais contrariée. Tout le monde, ici, ne parle que de ça. Mais je m’en fiche parce que, dans l’intimité de ma chambre à coucher, quand Brigitte me donne des petits noms, moi, ça me file une érection présidentielle.
Je veux qu’elle m’élise.
Ellipse.
Brigitte Calls Me Baby, un premier album qui défie les époques

Je perds la tête et je prends les choses en main. Mais « décapitation et masturbation ne vont pas bien ensemble », chante Brigitte Calls Me Baby à la radio.
Putain, mais c’est quoi, cette voix ?
Excuse my French, mais c’est juste que, si j’avais la même voix que Wes Leavins, j’aurais fait chanteur et Brigitte arrêterait de me prendre pour un bébé.
La voix de Wes Leavins, c’est un verre de liqueur un soir de déprime, un tapis rouge sous des pieds gelés, un baume cicatrisant pour les peines de cœur. Elle défie le temps, transperce les armures et fait fondre la glace. Les comparaisons pleuvent : Morrissey, Hamilton Leithauser de The Walkmen, Roy Orbison. Qui dit mieux ?
Oui, la musique de Brigitte Calls Me Baby a un côté nostalgique et des références bien assumées. Mais ne les réduisons pas trop vite à un groupe d’habiles héritiers. Ils valent bien mieux que ça.
L’album s’appelle The Future is our way out (le futur est notre porte de sortie) et c’est un beau pied-de-nez aux colleurs d’étiquettes. Parce que, sous ses airs rétro, le son du quintette chicagoan est plus riche et hétéroclite qu’il n’y paraît. Ballades mélancoliques, morceaux plus dansants, titres à l’énergie indie rock, Brigitte Calls Me Baby livre un travail de métamorphe. Tout au long des 11 pistes, on oscille entre douceur et tension sous-jacente, avec pour ciment la voix caressante de Leavins.
Je vous laisse. Brigitte m’appelle…