Entre élégance et intensité, le troisième album des Australiens de Floodlights mérite bien que je me jette à l’eau.
Nous étions des îles et, sur l’une d’entre nous, il y avait Floodlights
Nous étions des îles. Belles, inaccessibles. De loin, nos défauts restaient invisibles. Nous étions des îles de boule à neige, remplies d’elles-mêmes, fragiles, vulnérables. Des illusions pour touristes.
Depuis notre petit nombril, nous nous rêvions immenses. Les yeux fermés, nous étions continents sans confins. Nous flottions si bien que nous oubliions de voir ce qui se cachait sous notre surface.
Pourtant, nos côtes, battues par les vents, nous ramenaient à nos limites. Vues de l’extérieur, nous étions des confetti sur la mappe-monde, des taches sur la nappe bleue.
Nous étions des îles. Et sur l’une d’entre nous, la plus grande peut-être, il y avait un groupe. On les appelait Floodlights. Leur musique était si puissante qu’elle résonna par-delà les océans.

Quand leur album Underneath atteignit mes rivages, j’étais une île, moi aussi. Je me tenais à l’écart, recroquevillé, déconnecté de tout et de moi.
Il était temps que je fasse peau neuve, que je renaisse à moi-même et au monde. Il était temps que je replonge. Je m’offrirais un nouveau baptême pour repasser de la mort à la vie.
La musique vient toujours à point à qui sait entendre.
Tout est bon sur Underneath, rien à jeter par-dessus bord
Ça commence par un réveil en trompette, puis la voix de Louis Parsons qui sonne comme un pansement sur vos blessures. Cette voix, c’est comme un ami qui vous prend par le bras quand votre boussole est cassée. Grave, puissante, assurée, vous sentez tout de suite que vous pouvez compter sur elle, qu’elle ne vous laissera pas tomber. Ça commence par une ode à la vie, suivie d’un cri du cœur : Alive (I want to feel). Ça tombe bien, moi aussi, c’est exactement ce dont j’ai besoin.
Floodlights pourrait se contenter de surfer sur cette intensité initiale et en découler un excellent album de post-punk. Mais, dès la deuxième piste, la bande de Melbourne démontre qu’elle a bien davantage à offrir. Sur Cloud Away, le ciel bleu n’est pas loin. Je peux le sentir dans les textures plus pop, dans les harmonies vocales entre Parsons et Sarah Hellyer.
L’album oscille entre optimisme et vulnérabilité, entre ardeur et mélancolie. Un sentiment de puissance émane de toutes les pistes. Parfois il est latent, comme sur la ballade Melancholy Cave. Parfois, il sort en éruptions, porté par le chant volcanique de Parsons.
J’écoute Underneath en boucle depuis plusieurs jours et je ne lui trouve pas de temps faibles. Essayez un peu d’écouter Buoyant ou The Light Won’t Shine Forever sans avoir envie de hocher la tête et d’entonner en chœur les paroles, et vous verrez par vous-même. Les paroles, parlons-en d’ailleurs. Il y a une vraie variété aussi sur ce plan. This Island égratigne l’image que les Australiens se font de leur pays. Certains titres sont bruts et directs alors que d’autres, comme Horses Will Run, sont empreints de poésie.
Vous l’aurez compris : il n’y a rien à jeter par-dessus bord sur Underneath. Et, si je devais me jeter à l’eau, je dirais que cet album sera très très haut dans mon top de fin d’année. On en reparle en décembre ?
Floodlights sera en concert en France :
- PARIS – Le Popup! – le 5 septembre 2025