J’ai interviewé : Alone With Everybody

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On avait été séduits par la beauté désarmante des petites pépites folk de Alone With Everybody, duo toulousain composé de Camille et Louisa Bénâtre. Dans la famille Bénâtre, c’est Camille, l’instigateur du projet, qui a accepté de répondre aux questions de JTLTVTB. Une interview qui nous fait voyager et qui nous aide à retrouver le goût des choses simples…
Quels sont vos premiers souvenirs musicaux ?
Il y en a plusieurs, mais le premier ça doit être Brassens. On avait appris une chanson à l’école primaire, et j’avais adoré. Ensuite, quand j’allais à la médiathèque (pas de youtube forcément) j’essayais de récupérer quelques-uns de ses disques. Je ne comprenais pas grand chose au sens des paroles mais on sous-estime parfois le talent de mélodiste de Brassens, car c’est grâce à la mélodie que j’ai accroché. Je me rappelle que j’avais emprunté un disque d’Alan Stivell aussi, mais c’était en anglais et, à l’époque, ça ne me plaisait pas trop. Pour être tout à fait honnête, je crois qu’un de mes premiers concerts, ça devait être Henri Dès, dont une chanson faisait « Camille, Camille, tu veux pas une boule vanille ? » Qu’est-ce qu’on a pu me la faire celle-là ! Ensuite je me suis mis à écouter les Beatles (au collège), et c’est là que tout débute…
Vous avez fait grandir vos chansons en Angleterre. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?
Un bon souvenir, car cela m’a obligé à travailler seul sur les morceaux sans avoir ni groupe, ni concerts. Du coup j’ai pu me concentrer sur ce qui importait vraiment : les compositions. J’avais peu de contacts avec d’autres musiciens, donc pas d’influences autres que ce que j’écoutais à ce moment-là, ou ce que je voyais en concert. Les contours ont été dressés là-bas. L’atmosphère de Londres est assez propice à ce travail. Il y a beaucoup de choses à faire, et en même temps, des lieux très calmes, des parcs, on ne sent pas qu’on est dans une ville immense. L’agitation côtoie la monotonie. Quelques morceaux ont été composés avant, mais le vrai début de Alone With Everybody, c’est à ce moment-là.

Et, ensuite, vous avez eu l’opportunité de faire une tournée aux Etats-Unis. Comment ça s’est passé ?

Quand j’ai posté les premiers morceaux sur Myspace, j’ai été contacté par un américain (Chistopher) qui a un petit label DIY sur lequel il publie quelques groupes. Il habite dans une petite ville du Nebraska et m’a proposé de venir jouer dans le festival qu’il organise chaque année à Omaha. Comme je n’allais pas faire le voyage pour un seul concert, il m’a mis en contact avec Normandie Wilson (chanteuse basée à San Diego), qui prévoyait une tournée à ce moment-là. Du coup on a fait dix dates ensemble. Je n’avais joué qu’une fois mes morceaux sur scène avant de partir. Si les compositions sont nées véritablement en Angleterre, les débuts « scéniques » se sont fait là-bas, ce qui était très bien au final, car il a fallu d’emblée assumer les mélodies, les textes, face à un public de gens avertis. On a traversé plusieurs fois le Mississippi, on a fait cinq ou six états du Midwest (en gros de Chicago au Kansas), dans lesquels il y a une vraie culture pop et folk.
Je ne pense pas me tromper en affirmant que vos influences sont essentiellement anglo-saxonnes. Avez-vous eu l’occasion de rencontrer certaines de vos idoles à l’occasion de ces deux périples ?
Oui, essentiellement, même si ça peut nous arriver d’écouter autre chose. Aujourd’hui la pop ne vient plus uniquement d’Angleterre ou des États-Unis, on le voit avec les Norvégiens Kings of Convenience, le Hollandais Jacco Gardner ou encore Peter Von Poehl (Suédois) avec qui on a partagé la scène récemment. Pour ce qui est des gens qu’on admire, on en a vu certains en concerts (Richard Hawley, Laura Marling ou M. Ward) et, pour ma part, j’ai rencontré Josh Rouse à Londres après son concert, mais dans ces cas-là, on se trouve un peu bête, on ne sait pas trop quoi dire.

Alone with Everybody, mais avec votre sœur quand même, alors que le projet était initialement solo. C’est une évidence pour vous deux de travailler ensemble ?
Ce n’était pas un duo à la base effectivement. Elle m’a rejoint quand on a commencé à faire des concerts à Toulouse. Il y a même eu des concerts à quatre avec deux amis pour compléter la formation. Mais aujourd’hui, même si je compose les morceaux de mon côté, l’apport de Louisa est important au niveaux des arrangements (grâce à sa formation classique). Elle va trouver les quelques notes auxquelles je n’aurais pas pensé. Et puis on s’est « construit » des influences communes ces dernières années. Quand je propose de nouveaux morceaux, instinctivement elle en perçoit l’esprit.

Quand j’entends votre musique, il s’en dégage une telle sérénité que je vous imagine assez composant dans un endroit reclus, en harmonie avec la nature. Est-ce que c’est proche de votre réalité ?
J’aimerais bien que ce soit la réalité. Ça participe d’un imaginaire romantique (surement lié aux représentations qu’on se fait du folk américain et des musiciens qui vivent dans leur ranch…) et je suis très content que l’album puisse l’évoquer. Mais je dois dire que non, on habite en ville, mon appartement est minuscule, et les chansons sont composées dans ce cadre. Mais je recherche la pureté dans les mélodies, et c’est peut-être cela qui évoque la nature.

Quel est votre secret pour que même la mélancolie ait l’air joyeuse ?
C’est intéressant comme remarque. J’ai souvent vu nos morceaux comme étant tristes. Mais c’est finalement pas exactement la remarque que l’on nous fait. Les gens parlent plutôt de musique douce, apaisante, avec le côté mélancolique, forcément. J’ai pas vraiment d’explication. C’est peut être dû au fait que la tonalité est souvent majeure, et que j’essaie de poser la voix naturellement sans chercher trop d’effets. Les textes parlent de sujets pas très drôles tout de même. L’anglais enrobe bien tout ça.
Un petit mot sur la pochette du disque que je trouve magnifique ?
C’est une photo prise lors d’un weekend seul à Oslo. A quelques minutes à pied du terminus nord du tramway, c’est le genre de paysages que l’on peut voir. J’ai trouvé que ça correspondait parfaitement à l’idée du disque, la sensation d’isolement tout en restant très proche d’un univers urbain. D’ailleurs sur le dos de la pochette on peut voir un immeuble…

Maintenant que le disque est sorti, quelles sont les prochaines étapes pour Alone with Everybody ?
On va faire quelques dates (Toulouse, Paris, Bordeaux, Albi…). Et je travaille aussi sur une dizaine de nouveaux morceaux qu’on va enregistrer dans les mois qui viennent, avec pour la première fois des musiciens extérieurs. Il devrait y avoir donc plus d’arrangements, on va essayer quelque chose de plus ambitieux.

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