Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.28 : Howler

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Dans la torpeur monotone d’un mois de janvier où les nuits succèdent aux nuits, il m’arrive de me demander pourquoi l’être humain, à l’instar d’autres mammifères, n’entre pas , à cette période de l’année, dans une longue et salvatrice période d’hibernation. Imaginez  un instant la tête de votre patron si, d’un coup, au lieu de travailler plus pour gagner une misère, vous décidiez de plonger votre corps dans un état d’hypothermie régulée vous permettant de conserver toute votre énergie durant la trêve hivernale. En gros, vous vivez sur les réserves de graisse accumulées, ce qui après les fêtes, ne devrait pas être un problème, et vous pioncez jusqu’à ce que le soleil pointe le bout de son nez. Les beaux jours revenus, vous voilà fin prêts à trimer comme des ânes et à forniquer comme des castors, comblant ainsi, dans un même élan, les ardeurs votre patron et celles de votre épouse. Au lieu de ça, vous vous gelez les miches tous les matins en allant au boulot, vous regardez votre montre toutes les trois minutes en attendant que ça se termine et vous passez des semaines entières à essayer d’échapper tant bien que mal à la grippe et à la gastro. Il ne manquerait plus que vous écoutiez par-dessus le marché de la musique de mormons dépressifs. Ça tombe bien, j’ai ce qu’il vous faut. C’est frais, c’est jeune, c’est fringant et ça s’appelle Howler et c’est un antidote contre l’hiver.
Avec leur premier album America Give Up, qui sort aujourd’hui, les quatre jeunes américains s’apprêtent secouer le presse indé comme un singe secouerait un cocotier pour en faire tomber une noix. D’ailleurs, on leur promet un peu partout un succès qui devrait bientôt les mettre à l’abri du besoin et sous les feux des projecteurs. Il faut dire qu’ils ont pour eux une énergie communicative entre punk et rock indie, qui fait du bien à entendre, tant ce qui a animé musicalement l’année 2011, à l’exception notoire des Black Keys, était plutôt fondé sur une esthétique contemplative et des rythmiques mou-du-gland. Il m’arrive d’être d’humeur contemplative mais, quand le thermomètre sombre sous la ligne de flottaison, mon corps réclame sa dose de gros riffs de guitare. Là, on est servi, avec ce disque qui lorgne méchamment du côté des Ramones et des Strokes. Il n’en a pas fallu plus à certains pour aussitôt coller à Howler l’étiquette de nouveaux Strokes. C’est aller un peu vite en besogne car, hormis un ou deux titres qui confinent au plagiat, je trouve le son de Howler beaucoup plus brut et puissant que celui des New-Yorkais.
Certes, les quatre garçons de Howler ne réinventent pas la roue mais ils font preuve d’une capacité étonnante à tirer un gros braquet tout au long des 11 titres qui composent le disque, et ce sans jamais donner l’impression de s’essouffler. Il est encore trop tôt pour s’emballer et crier au génie. Jordan Gatesmith, le leader du groupe, devra à l’avenir s’affranchir davantage des figures tutélaires qui guident son inspiration, s’il ne veut pas finir, comme Julian Casablancas, en icône publicitaire parfumée. Mais, à 19 ans, il a tout l’avenir devant lui.

 

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