J’ai entendu : PJ Harvey – Let England Shake

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Alors que l’année touche à sa fin, et que les classements fleurissent dans les magazines comme les décorations de Noël aux vitrines des magasins, permettez-moi, sans tomber dans cette listomanie qui classe pêle-mêle des artistes qui n’ont rien de comparable, de jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur et de revenir sur quelques albums qui, bien qu’ayant profondément marqué l’année presque écoulée, n’ont pas encore eu les honneurs d’une publication sur ce blog. Ouf, 5 lignes pour une seule phrase, je plains les écoliers qui auraient un prof assez tordu pour les initier aux joies de la langue française à travers l’étude de ma modeste prose. Pardonnez-moi, je m’égare, ce doit être la fièvre…Parmi ces albums, donc, qui ont marqué l’année 2011, il en est un au moins sur laquelle la plupart des classificateurs professionnels s’accordent avec raison, c’est Let England Shake de PJ Harvey. Espérons qu’un certain hebdomadaire parfois raillé en raison de sa suffisance ne nous fera pas l’affront de lui préférer Foster The People et son album Torchés.
Let England Shake est-il l’album de l’année? Je réponds non évidemment. L’album de l’année, c’est celui de Foster The People parce qu’on l’aura oublié l’année prochaine. Let England Shake est une grande fresque pop, intemporelle, poétique et engagée, un disque ambitieux dans le fond et dans la forme, livré par une artiste exigeante au sommet de son art. Un album qui donnerait presque envie de créer une nouvelle rubrique que j’intitulerais “Les disques qu’on écoutera encore dans 20 ans”. PJ Harvey, c’est pas la perdrix de l’année. Presque 20 ans qu’elle traîne sa bosse dans l’univers du rock indé avec à chaque nouvel album, une ambition et une approche renouvelées. Si les sons rock du début ont fait place à des compositions plus dépouillées, Polly Jean n’en est pas moins l’une des figures majeures de la musique indépendante contemporaine. Et, pourtant, je ne suis pas fan jusqu’au trognon de cette dame en noir. Son précédent album, White Chalk, au chant trop affecté à mon goût, m’avait laissé totalement de marbre. Mais alors celui-là, quelle claque! Il survole assez aisément la majeure partie des disques sortis cette année. 
Let England Shake, c’est un grand coup de pied au cul de l’Angleterre comme seul le rock sait en donner. Un disque qui a pour thème principale la guerre. Douze ballades où la rage rentrée de PJ Harvey fait mouche et atteint immanquablement sa cible. Il n’y a vraiment qu’une artiste hors du commun pour rendre la guerre aussi belle et aussi poétique. Lorsque sonne le clairon et qu’arrive Polly Jean, tous les jeunes freluquets qui prétendent faire du rock n’ont qu’à se tenir à garde-à-vous et prendre exemple sur leur glorieuse aînée.

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