Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.138 : Mechanimal

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Où il est question de gueule de bois, de vague bleue marine, d’avenir incertain et de lendemain d’apocalypse…


Il y a des matins qui déchantent, des jours où on se réveille avec une sévère gueule de bois. Ce n’est pas comme si on ne s’y attendait pas. On l’avait vue venir de loin, la vague bleue marine. Partout, elle était annoncée. A force de prendre les gens pour des cons, il fallait bien que ça arrive. Ami lecteur, sur les réseaux sociaux, tu t’offusques, tu as honte de ton pays, tu fais des petits moulinets avec tes bras. As-tu au moins bougé tes fesses pour mettre un bulletin dans l’urne ? Non ? Alors, ta gueule…

Pour moi, l’Europe, c’est un couloir avec des chambres ouvertes sur le monde, des méditerranéennes aux cheveux de jais, une finlandaise au sourire ravageur, des allemands qui rient fort, des espagnols qui cuisinent une paella à la tombée de la nuit. Ça braille de partout, dans toutes les langues ou en mauvais anglais. Ça s’échange les recettes, les bons plans, les sourires, les numéros de téléphone. Mon Europe à moi, c’est Erasmus. Et puis après ? 
Si, tous les mois, je jouais les équilibristes pour joindre les deux bouts, avec pour seul horizon un trou paumé que je n’ai jamais quitté, pour qui aurais-je voté ? Si je me prenais la crise de plein fouet, est-ce que je choisirais l’espoir ou la colère ? Et si la crise n’était rien d’autre qu’une invitation à se réinventer ?
C’est en 2011, à Athènes, au cœur d’une crise économique et sociale sans précédent que Mechanimal voit le jour. Dans la capitale exsangue, bombardée de mauvaises nouvelles, les raisons d’espérer ne sont pas légion. On pourrait aisément se laisser aller, succomber à la colère ou à la haine. On pourrait tourner la tête dans toutes les directions et se dire que c’est fini, que, partout, la laideur a remporté la bataille.
Mais ce n’est pas le propos de Mechanimal. Certes, l’atmosphère de leur premier album est volontiers sombre, voire oppressante. Mais, au milieu du chaos, dans ces territoires urbains à l’avenir incertain, il est avant tout question de recréer les conditions de la beauté et de l’espoir, non pas en prenant de la distance mais en s’appropriant les éléments de contexte.

A l’instar des créations d’Enki Bilal, Mechanimal apparaît comme une créature mutante, mi-synthétique mi-organique. Un cœur qui bat, des fils électriques en guise de veines, une voix parlée grave, obsédante, les Athéniens proposent une humanité façonnée par la modernité technologique, en quête de beauté dans un monde où elle fait singulièrement défaut. Krautrock électronisé, blues du jour d’après, la musique de Mechanimal est belle comme un lendemain d’apocalypse.

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