J’ai entendu : Ava Luna – Electric Balloon

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On est d’accord. Pas d’accord. Tu parles. Je ne t’écoute pas. Tu ne dis plus rien. Tu fais la tête. On s’embrasse. On s’engueule. On s’aime. Un peu. beaucoup. A la folie. 

Tu cries. Tu pleures. On fait l’amour. La vaisselle attendra. Les enfants courent, rient, tombent, se font mal, hurlent. Nous vieillissons. Moins beaux mais toujours aussi cons. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. Maintenant que j’en ai le double, ou presque, je peux te le dire, Rimbaud : on n’est pas sérieux non plus quand on en a trente-trois. Allez dites trente-trois, juste pour voir. La vie est un théâtre de marionnettes.

Ma femme fait la tête parce que je lui dis que j’aime bien la robe de sa sœur. Mon fils me dit qu’il ne m’aime plus parce que sa maman est triste. Mon patron me pourrit la vie parce que je ne lui rapporte pas assez d’argent. Et moi, je fais la gueule parce que je voudrais terminer cette putain de chronique sur un putain de groupe de la mort qui tue. Je vous le dis, la vie, c’est du grand-guignol.

On s’entretue, on s’entremêle. On se déchire. On se réconcilie. La vie, c’est comme les montagnes russes. Le tonnerre gronde. Le soleil brille. Ambiance électrique. La vie, c’est comme le nouvel album d’Ava Luna, Electric Balloon. A moins que ce ne soit l’inverse.

Prenez du funk, du soul, un soupçon de R’n’B. Ajoutez-y une louche de dance-punk. Saupoudrez tout ça de no-wave. Agitez au shaker, pas à la cuillère. Et vous aurez une première idée de ce à quoi ressemble Ava Luna. A rien d’autre. Car peu de groupes vont aussi loin dans le mélange des genres et dans l’étrangeté. Eux-mêmes, assez habilement, qualifient leur musique  de “nervous soul”.

La force de leur nouvel album, c’est justement de faire tenir ensemble toutes leurs aspirations. Passé de sept à cinq – et non de 5 à 7 – depuis l’année précédente, le groupe semble avoir enfin trouvé un mode de fonctionnement qui permet l’épanouissement de chacun. Carlos Hernandez laisse davantage d’espace à ses acolytes. Felicia Douglass et Becca Kauffman le suppléent tour à tour au chant, créant un nouvel équilibre. Alors que les titres chantés par Hernandez sont volontiers nerveux, électriques, frénétiques, des morceaux plus calmes, comme PRPL, ou définitivement étranges, comme Sears Roebuck M&Ms, offrent de salutaires moments de répit.

Non, décidément, Ava Luna n’est pas un groupe comme les autres. Vous les détesterez ou vous les adorerez mais il y a peu de chances qu’ils vous laissent indifférent.

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