Le tour du monde en 81 groupes : 1ère escale – Singapour

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1. OBEDIENT WIVES CLUB

Découvert au hasard de mes pérégrinations sur Bandcamp, Obedient Wives Club est le groupe qui m’a donné envie d’explorer la scène indépendante singapourienne. Inspiré par les sixties et le son de Phil Spector, le quintette délivre une pop rêveuse et emplie d’une délicate nostalgie. Si vous ne fondez pas sur Requiem for a Lover, c’est que vous n’avez vraiment pas de coeur…


 

2. PASTELPOWER

Side-project de Cherie Ko, par ailleurs guitariste des Obedient Wives Club, Pastelpower s’écoute comme on lirait en cachette le journal intime d’une adolescente rêveuse. Un parfum de douce naïveté flotte dans l’air quand, de sa chambre, la demoiselle égrène ses obsessions. Sa bedroom-pop inspirée des yéyé et des films de la Nouvelle Vague se consomme comme un petit plaisir secret. Avec délices et un soupçon de culpabilité.

3. CASHEW CHEMISTS (le choix de Melissa Yong, rédactrice en chef du webzine singapourien Other Sounds)

“J’aime vraiment leurs chansons, leur son et leur style. Ce sont des mecs adorables et je pense que leur musique est accessible mais intransigeante, et donne une bonne représentation de ce que nous sommes capables de produire ici.”

Pour aller plus loin :

Interview de Melissa Yong, rédactrice en chef du webzine singapourien Other Sounds

A quand ferais-tu remonter les débuts de la scène indépendante à Singapour ?

Il y a toujours eu une culture musicale, plus ou moins active et reconnue, à Singapour. Je pense que la dernière vague de musiciens vraiment actifs et de communauté musicale cohérente et impliquée a eu lieu du début au milieu des années 2000, au moment où le punk et l’emo étaient encore en vogue. L’émergence du Baybeats Festival et de la marque de musique, de vêtements et de représentation artistique Wake Me Up a a été le détonateur de cette activité florissante et aussi sa colonne vertébrale pendant ces 5 années.
La scène musicale actuelle d’aujourd’hui, cela dit, est tout aussi forte et active. La palette de genres est aussi plus large mais, plutôt que de faire preuve d’un véritable esprit de communauté et d’être intimement reliée, la scène est beaucoup plus commerciale. Les marques ont commencé à voir la valeur de la musique, des promoteurs de concerts ont surgi un peu partout et des artistes internationaux viennent jouer à Singapour chaque semaine. La scène est plus importante et plus large mais moins connectée.
Est-ce que le développement de cette culture musicale correspond au développement économique du pays ?
Je ne pense pas que notre culture musicale soit en corrélation directe avec notre économie. Je pense qu’Internet a beaucoup à voir avec ça : le fait que les groupes et les musiciens puissent sortir leur musique et que les bibliothèques musicales de chacun soient plus étendues en raison d’un accès facilité au téléchargement…
Qui sont les précurseurs de la scène indé singapourienne ?
Je ne vis pas depuis très longtemps à Singapour et je n’ai que 21 ans, donc je ne suis pas très au fait des précurseurs. Mais voici quelques noms qui émergent et qui couvrent les deux dernières décennies : Leonard Soosay, Patrick Chng, Kevin Mathews, Esmond Wee, Daniel Sassoon, Leslie Chew & Errol Tan…
Les groupes que j’ai écoutés semblent très inspirés par la culture occidentale. Est-ce que certains groupes incorporent des éléments plus traditionnels dans leur musique ?
Singapour est un pays très occidentalisé, peut-être le plus occidentalisé de toute l’Asie. Par conséquent, l’influence occidentale est une évidence. Aucun de nos groupes actuels n’incorpore des éléments traditionnels dans sa musique.
Est-ce que la culture indé est regroupée dans la capitale ou les groupes viennent-ils d’endroits différents ?
Singapour est très petit. Tu peux traverser le pays d’est en ouest en un peu plus d’une heure de voiture. Donc on peut dire que la plupart des groupes sont rassemblés dans la capitale puisque nous sommes une cité-Etat. Pour ce qui est des concerts, oui, toutes les salles sont situés dans les quartiers marchands du centre-ville.
Est-ce que l’industrie musicale (salles de concerts, maisons de disques,…) est bien développée ?
Non, pas du tout. Nous sommes encore un jeune pays et notre industrie musicale est encore plus jeune. Nous avons un peu de tout – managers, labels, promoteurs – mais aucune de ces entreprises n’est vraiment formalisée ni active à plein temps. Le coût de la vie est très élevé ici, donc il est très difficile de gagner sa vie uniquement dans les industries créatives ou la musique.
Ce dont nous avons besoin, c’est davantage de soutien du gouvernement, plus de promotion et une plus grande volonté de travailler ensemble, de coopérer et de collaborer. Nous n’allons pas très loin parce que les gens ne prennent pas notre industrie suffisamment au sérieux.

J’ai remarqué que Pastelpower avait sorti une chanson intitulée Jean-Paul. J’ai lu que c’était une référence à Jean-Paul Belmondo, ce qui m’a un peu surpris. Est-ce que la culture française est populaire à Singapour ?
Il y a beaucoup d’expatriés français à Singapour qui sont là pour des raisons professionnelles. Mais non, on ne peut pas dire que la culture française soit particulièrement populaire ici. Cherie Ko, à titre personnel, est très intéressée par la culture française, ce qui explique Jean-Paul et les films de Godard…

Et en VO :

Interview of Melissa Yong, Editor In Chief of Singaporian webzine Other Sounds
Since when would you say there is an indie music culture in Singapore?
There has always been a music culture in Singapore, it’s more a matter of how active and prominent it’s been. I think the last wave of really active musicians and a really whole and involved music community here was in the early to mid-2000s when pop punk and emo were still alive. The emergence of the Baybeats Festival alongside the Wake Me Up brand of music/clothes/artist representation was a huge catalyst to this bustling activity, and also the backbone to its strong five or so years around.
The music scene as it is right now though, is just as strong and active. The range of genres is broader now too, but rather than being very community-minded and sort of close-knit, it’s a lot more commercial now. Brands have started to see the value of music, concert promoters have sprung up everywhere and international acts come through Singapore once a week now. In that way, the scene is a lot bigger and broader, but it’s less ‘tight’.

Did this culture appear when the country developed itself on an economic level?
I don’t think our music culture has a direct correlation to our economy. I think the Internet has had a lot to do with it—bands and musicians getting their music out there; everyone’s listening repertoire expanding because of the easy access to downloads; etc. 

Who were the precursors of this Singaporean indie scene?
I haven’t actually lived in Singapore for a long time, and I’m only 21, so I don’t know too much about the ‘precursors’ of the Singaporean indie scene. I don’t agree or disagree – I am not well-informed enough to say – but here are some familiar names that pop up, and this spans two decades: Leonard Soosay, Patrick Chng, Kevin Mathews, Esmond Wee, Daniel Sassoon, Leslie Chew & Errol Tan, etc.

The bands I’ve heard sound like they are very inspired by western culture. Do they or do some other Singaporean indie bands incorporate more traditional elements in their music?
Singapore is a very westernized country, perhaps the most so in the whole of Asia. So being “influenced by Western culture” isn’t really a big deal because we very much live in a ‘Western’ culture. None of our contemporary bands incorporate traditional elements in their music.
Is this indie culture gathered in the main city or do the bands hail from all over the country?
Singapore is very small, you can drive from the east coast to west coast in just over one hour! So I guess you could say most are gathered in the main city, as we are a city-state. In terms of live performances, yes, all the venues are very much in the city/shopping/downtown districts.

Is the music industry well-developed there, in terms of venues, records companies and whatever musicians might need?
The music industry is not well-developed at all here. We are a young country already; and have an even younger music industry. We have a few of everything—a few management companies, labels, promoters—but none of them are really formalized and full-time companies. The cost of living here is very high, so it’s hard for people in the creative industries or music to sustain themselves solely on their music/industry endeavours. 
What we need is more government support, more advocacy, and more willingness to work together and cooperate and collaborate. We don’t get very far because people don’t take our industry seriously enough. 

I noticed that Pastelpower has a song called Jean-Paul. I read somewhere that it makes reference to French actor Jean-Paul Belmondo. I was a bit surprised by that. I mean, is French culture popular in Singapore?
We have a lot of French expats in Singapore! They come here to work. But no, I wouldn’t say that it’s particularly popular in Singapore. Cherie Ko (Pastelpower) personally though, is very interested in French culture, which would explain ‘Jean-Paul’ and the films of Godard, etc.

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