J’ai entendu : Alone With Everybody – Isolation Row

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Il fait beau aujourd’hui… Et sinon, ça va ? Elles poussent bien, vos tomates ?… C’est vrai que c’est pas encore la saison… Il va pleuvoir, mon rhumatisme à la hanche se réveille… C’est un signe, vous verrez !… Il a mauvaise mine, il paraît que sa femme s’est barrée avec le facteur… Vous connaissez pas la dernière? C’est la boulangère qui me l’a racontée… Et ces politiciens, tous pourris, j’vous le dis, moi… Tant qu’on a du travail et la santé – surtout la santé ! – on ne peut pas se plaindre… T’as vu le match d’hier soir ? Il aurait mieux fait de les faire jouer en 4-4-2, tu crois pas ?
Tant de mots pour ne rien dire. Tant de salive gaspillée. Tant de gens qui estiment que ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut pour autant fermer sa gueule.
Toutes ces voix, je ne les écoute pas, je ne veux pas les entendre. Et, dans ma tête, je chante. Lalali lalala. On me parle mais je n’entends pas. Lalali lalala. Une mélodie se forme dans mon esprit. Une idée personnelle de la beauté. Quelques mots gracieusement posés les uns à la suite des autres. Une idée que je poursuis, à la fois dans et en dehors du monde. Je suis là mais je n’y suis pas. Lalali lalala. Causez toujours, gueules ouvertes. Patati patata. Entassez les banalités, gueules béantes. Vous êtes là mais vous n’y êtes pas. Lalali lalala. Je ne vous entends plus. Me voilà enfin seul. Alone With Everybody.
Duo formé d’un frère et d’une sœur, Camille et Louisa Bénâtre, Alone With Everybody, c’est la traduction en sons de cette belle idée qui germe et que l’on poursuit comme on chasserait un papillon. C’est le rêve éveillé qui nous affranchit des lois de la gravitation. C’est la mélodie douce et légère qui défie l’apesanteur et nous laisse, flottant dans l’air, ivres de cette liberté soudaine et inédite. C’est le retour des beaux jours et la lumière délicate du soleil couchant sur l’eau claire du lac. Une expérience sensorielle et sensuelle qui nous entraîne loin des bruits de la ville, dans un monde merveilleux dont on oublie parfois qu’il est aussi le nôtre. Un lieu féérique où même la mélancolie semble désirable. C’est un retour aux sources, un éloge de la simplicité. Le songwriting sobre et épuré d’Alone With Everybody fait penser aux Beatles, à Lee Hazlewood, à Elliott Smith, à tous ces démiurges qui, avec trois fois rien, bâtissent des mondes meilleurs. La voix de Camille, sereine et angélique, est une caresse qui frôle la perfection. Chaque chanson est un instant fragile et magique que l’on voudrait éternel. C’est la définition du bonheur. Pourvu que le disque ne s’arrête jamais de tourner.

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