En français dans le texte : Ysé

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Ami lecteur, amie lectrice – parité oblige ! – je ne te félicite pas. Vendredi dernier, le 8 mars, alors que la Journée de la femme battait son plein, tu m’as laissé, en toute impunité, fouler aux pieds les Orties, ces deux militantes de la cause féministe qui, telles La Liberté guidant le peuple, dévoilent leur poitrine pour mieux se faire entendre. D’ailleurs, si la Journée de la femme n’était pas passée, je me confondrais en excuses, implorant leur pardon avec des sanglots dans la voix. Tant pis, je me rattraperai l’année prochaine. Je m’inspirerai de ces esprits brillants pour qui le féminisme n’est pas un vain mot, ni le 8 mars un jour comme les autres. J’offrirai à chacune de mes lectrices des bisous, des bijoux, des vibromasseurs, des bons d’achat chez Sephora, des forfaits “conduite en ville”, des anthologies de la comédie romantique, des chansons de Julio ou d’Enrique Iglesias. Je chanterai Femmes, je vous aime, à m’en péter les cordes vocales et le lendemain… Le lendemain, à la première heure, je redeviendrai un connard de macho. Une journée, c’est bien assez comme ça. Il ne manquerait plus que les femmes réclament, protestent, revendiquent. Et puis quoi encore ? Je n’ai pas la moindre envie de passer ma vie aux fourneaux, ou  à torcher les mômes, ou à poser en string pour les besoins de la cause publicitaire. Ami gros con, si tu t’es reconnu dans les quelques lignes qui précèdent, alors Ysé n’est pas faite pour toi. Une femme libre, indépendante et talentueuse… quelle horreur !

Alors que, ces derniers temps, sortent de leur œuf des nuées de chanteuses aphones, dont les timides pépiements obligent à tendre l’oreille, Ysé apparaît comme un oiseau rare sur la scène française. Plutôt aigle noir que frêle hirondelle, celle qui revendique l’influence de Brel et Barbara a une voix à faire pâlir toutes les mijaurées. Puissante, rauque et sensuelle, et néanmoins capable d’assumer crânement sa part de fragilité. Une voix grave qui ne triche pas, qui respire haut et fort l’authenticité et marque l’auditeur d’une empreinte indélébile. Une voix rocailleuse que la chanteuse manie de main de maître pour définir les contours de son univers singulier. Digne héritière de la chanson rock française, dans la lignée des Bashung ou Arno, Ysé accorde une place centrale au texte. Portés par une interprétation intense, ses mots dépeignent avec force une réalité oscillant entre doutes et espoirs, entre ombre et lumière. Traversée par un formidable souffle de vie, son écriture ne verse jamais dans le fatalisme. Charismatique et généreuse, la jeune femme habite chacune de ses chansons, transformant, dès qu’elle hausse la voix, les feux de paille en incendies. La promesse d’une Nouvelle Ère – titre de son premier album – n’est plus loin. Quand elle reprend Rock’n’roll Suicide de David Bowie, l’un de mes morceaux favoris, j’en ai la chair de poule. Ysé a tout plaqué pour se consacrer à la musique et voler de ses propres ailes. Alliance magique du rock et de la féminité, elle a tout ce qu’il faut pour devenir une grande dame de la chanson française. Qu’on se le dise !

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