En français dans le texte : Vison

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Adolescent, je me suis pris de passion pour les documentaires animaliers. Je laissais mon esprit vagabonder jusqu’au bout de la nuit dans ces contrées lointaines et miraculeuses où l’on peut, à l’oeil nu, admirer la silhouette gracile et fluette du flamant de Tanzanie déployant ses ailes pourpres vers l’horizon radieux. Je me laissais dériver jusqu’à la rivière voisine et, crocodile aux dents longues, habillé de nuit, je guettais ma proie avec appétit. Je courais, antilope aux yeux doux, le regard perdu dans le lointain, échappant avec une folle élégance à mes prédateurs essoufflés. Lion aux muscles saillants et aux crocs acérés, roi de la savane, je promenais mon sentiment d’invincibilité, crinière au vent, fier et sûr de ma force. C’est au même moment, à peu près, que j’ai découvert le rock. Il s’en dégageait le même mélange de poésie sauvage et indomptable. Riffs de félins, griffes de guitare. Bondissant, rugissant, le rockeur est un animal poétique, prêt à se jeter à corps et à cris contre les murs du son. Ancienne Suprême Dinde, Cécile Jarsaillon est aujourd’hui la moitié de Vison, petit animal rock rare et précieux. Avec son compère Jean-Benoît Nison, ils livrent leur vision originale et décomplexée du rock en français dans le texte.

Né en 2010, le Vison a déjà plus de 70 dates de concert et 9 titres à son actif. Alliant l’amour des mots et celui du rock, le vrai, le duo déploie un univers atypique, poétique, sensuel, mélancolique et révolté. Explosifs, à fleur de mots et de guitares, Cécile Jarsaillon et Jean-Benoît Nison ne font pas dans la demi-mesure. Qu’il s’agisse d’inventer des danses aphrodisiaques (Danses Nuptiales) ou de livrer une déclaration d’amour à la langue française (Les Mots Précieux), les deux compères font preuve d’une habileté quasi-acrobatique. Et que dire de ce manifeste, sobrement intitulé Le Rock, qui envoie valser à coups de riffs tapageurs les clichés nazebroques du genre pour mieux lui redonner ses lettres de noblesse. Il y en a qui doivent raser les murs en l’écoutant. Ce qui est sûr, c’est que c’est l’un des meilleurs morceaux de rock en français qu’on ait entendu depuis bien longtemps. Puissant, sans concessions, une bonne gifle dans la face des précieux ridicules. Disons le haut et fort : ça décrasse les esgourdes. Si après ça, vous n’avez pas envie de remuer en rythme les pieds et la tête, c’est que vous êtes tétraplégique ou complétement sourdingue. Tout seul dans mon salon, j’esquisse déjà les premiers pas d’une danse nuptiale…

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