J’ai entendu : Two Wounded Birds – Two Wounded Birds

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Hier matin, je fais sonner mon réveil à 8h. Inutile de dire qu’à une heure aussi matinale et inhabituelle pour un dimanche, je suis un peu dans le brouillard lorsque j’entrouvre les paupières. De plus ou moins bonne grâce, je cherche à tâtons mes lunettes sur la table de chevet, saute à pieds joints dans mon jogging le plus laid et chausse une paire de baskets assortie. Je descends les escaliers, me fais chauffer un thé et des tartines et m’enfile dare-dare ce petit-déjeuner sommaire. Mon fils, qui n’a pas encore l’habitude de sortir en boîte le samedi soir, papillonne joyeusement entre mes jambes tel un chat affamé et je manque de m’étaler à chaque pas. Ma compagne me sourit et se souvient que si je suis déjà en position verticale de si bon matin, c’est que j’ai promis à mes amis de leur donner un coup de main pour leur déménagement. J’enfourche ma bicyclette. Enfin pas exactement la mienne vu que j’ai crevé la veille et que je n’ai pas de rustines sous la main. Mais bref, je vous épargne les détails. Je pédale, je pédale, je pédale, plutôt trois fois qu’une, puisque c’est le moyen de plus sûr de faire avancer une bicyclette et, qui plus est, avec le vent non pas en poupe mais en pleine poire. Un peu d’EPO n’aurait pas été de trop mais je suis au régime. Et, finalement, au bout de mon effort, j’aperçois la ligne d’arrivée sous la forme d’une remorque pleine de bric-à-brac attelée à la voiture du père de mon amie. Je souris d’avance, prêt à faire une entrée triomphale dont j’ai le secret, du genre : “vous voyez, je l’ai fait, 9h15 du matin…bon, elle est où la machine à laver, je suis méga-chaud”. Mais, à ce moment précis, mon pote a ce sourire étrange et amusé qui ne me dit rien qui vaille. “C’est cool que tu sois là, mec, mais le déménagement, c’était hier”. Vie de merde, posteraient les jeunes sur un site du même nom. Pas tant que ça, au final. Quelques allers-retours à la déchetterie et deux bonnes heures de nettoyage plus tard, j’avais déjà beaucoup moins l’impression d’être venu pour des prunes. Comme quoi, morale de l’histoire, ce n’est pas parce que vous êtes en retard que vous ne servez à rien. Une devise que pourraient bien s’approprier les Two Wounded Birds avec leur premier album éponyme résolument rétro mais néanmoins merveilleusement réussi.

Comme disait si bien Forrest Gump, “la vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber”. Avec Two Wounded Birds, c’est un peu la même chose. Il y en a pour tous les goûts. Un peu d’Elvis Presley, un soupçon de Beach Boys, une once de Beatles, un zeste de Smiths, une goutte de Ramones, une lichette de Cramps et c’est parti, musique maestro. On a toujours l’impression  d’avoir déjà entendu ça quelque part et puis, au final, on s’en tape. Parce que ces petits gars-là sont juste bons. Appelez vos parents, vos grand-parents, votre petite sœur, tout le monde en aura pour son argent. Ce disque qui, de prime abord, peut paraître daté s’avère être un véritable petit chef-d’œuvre de rock intemporel. Les Two Wounded Birds, qui, comme leur nom l’indiquent, sont au nombre de quatre, réussissent le tour de force, avec leurs douze petites madeleines de Proust, de nous faire oublier d’où ils viennent et en quelle année on est. Votre tête se met à balancer de haut en bas, vos pieds commencent à battre la mesure. C’est tout ce qu’il faut pour être heureux. Le reste, vous vous en doutez comme de votre première vérole. Au diable les modes qui seront passées demain et les prétendus révolutionnaires du rock qui ne passeront pas l’hiver. Chez Two Wounded Birds, il y a tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Le soleil des plages californiennes et le brouillard nocturne des villes britanniques, la douceur et la force, la caresse et la gifle, la joie et la mélancolie. De la classe, du style. Les autres peuvent bien aller se rhabiller. C’est d’ores et déjà l’un de mes disques préférés cette année. A déguster sans modération…

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